Stade Olympique Tokyo
Ce n’est pas encore une habitude, mais Australiens et Néo zélandais ont depuis l’an passé décidé de prolonger leur escale sur la route de l’Europe. Après Hong Kong l’an passé, c’est cette année Tokyo, la capitale du Japon, qui accueille cette Bledisloe Cup. L’intérêt d’une telle rencontre est bien entendu financier, les deux fédérations touchant quoi qu’il advienne, la somme de $2,5 millions en recettes d’entrée, sans compter les nombreux produits de merchandising qui seront écoulés. L’autre intérêt pour les dirigeants nippons voire Hong kongais, est de montrer que le rugby attire du monde en Asie de l’Est, et que le développement mondial de ce sport doit passer par eux. Une aubaine pour l’Australie et la Nouvelle Zélande, puissances économiques de la région. La fédération japonaise y trouve également son compte, ce match permettant de faire la promotion du XV en pleine saison de baseball, le sport national.
Le pari était toutefois risqué car, si Hong Kong est connu internationalement pour son tournoi de rugby à VII et possède une culture britannique depuis son administration par la couronne, le Japon est plus conservateur et moins ouvert à notre sport. De plus, le prix minimum des places pour la rencontre étant de $150, tout le monde ne peut pas se permettre de se rendre au Stade Olympique. Le rugby nippon est essentiellement lié aux grandes entreprises du pays dont les clubs dominent la Top League, mais les liens avec les kiwis et les wallabies sont très forts. De nombreux joueurs comme George Gregan, Stephen Larkham, Reuben Thorne, Troy Flavell et certainement bientôt Stirling Mortlock évoluent au Japon. De plus la Coupe du Monde 2019 vient de confier son organisation au pays du soleil levant (avec deux probables délocalisations à Hong Kong et Singapour), donc le rugby union tient son public.
Rocky Elsom: le nouveau capitaine des Wallabies
Ce match semble toutefois le plus difficile que les deux équipes aient à jouer étant donné le niveau de fraicheur (ironie!) des sélections européennes ainsi que le nombre de blessés importants. Les Australiens sont revanchards après un Tri Nations calamiteux, et les All Blacks vexés d’avoir laissé leur statut de meilleure équipe du monde aux Springboks. Les Australiens semblent avoir compris que leur stratégie les menait droit dans le mur, fini donc les passe droits pour les stars du pays. Le pilier Al Baxter n’a pas été convoqué, Stirling Mortlock s’est vu retirer le brassard de capitaine, George Smith n’est plus titulaire et Matt Giteau n’est plus vu comme un ouvreur mais comme un 3/4 centre. Les nouveaux hommes forts des Wallabies se nomment Rocky Elsom, intronisé capitaine, Berrick Barnes, qui se verra confier les manettes de l’ouverture, et Will Genia, qui doit confirmer à la mêlée. L’absence de la poutre Nathan Sharpe est cependant un très gros handicap pour la touche australienne qui devra composer avec James Horwill et Mark Chisholm, plus physiques que techniques. Du côté All Blacks, la reconquête est de mise après un Tri Nations plus que moyen. Les défaites en Afrique du Sud n’ont été que peu appréciées et les hommes de Graham Henry doivent désormais atteindre un niveau de jeu qui correspond plus à leur niveau. Hormis une mêlée à (re)construire, les retours de Carter et McAllister devraient permettre aux kiwis de retrouver leur efficacité légendaire dans les lignes arrières. Après cette rencontre, le but des deux équipes est de réaliser le grand chelem en Europe. Les joueurs de Robbie Deans affronteront successivement l’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse puis le Pays de Galles alors que les All Blacks joueront le Pays de Galles, l’Italie, l’Angleterre, la France puis des Barbarians à forte consonance Sud Africaine. L’objectif est difficile mais pas insurmontable, mais la première manche débute ce week end à Tokyo.