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Pendant que Minilui monopolisait l'actualité, le Conseil Constitutionnel a discrètement validé la deuxième mouture de la loi Hadopi, estimant qu'une ordonnance pénale estampillée par un juge sans audience ni audition ni défense du prévenu valait « décision de justice ».
Les lobbys de droite se sont montré très actifs à Bruxelles, et le Parlement a fini par s'asseoir sur ses garanties de liberté en votant une entorse à ses principes, qui prévoit qu'une « décision de justice », même expéditive, peut priver un citoyen d'internet...
Voilà donc Hadopi lancé sur des rails incertains, lorsqu'on connaît, nous en avons longuement parlé ici, l'abîme qui sépare ses moyens de contrôle de l'habileté des informaticiens.
« Hadopi », ce sera comme les impôts, les petits et les sans-grade vont morfler, et les spécialistes et les professionnels passeront au travers ».
Par ailleurs, cette brèche béante constitue un terrible danger pour la liberté d'information et de communication. N'oublions pas que tous les dictateurs se justifient en déclarant agir pour le plus grand bien de ceux qu'ils oppriment, et ne perdons pas de vue que les pires dérives commencent souvent par une minuscule dérogation.
Concernant la liberté d'internet et le droit de communiquer, l'égout est ouvert.
Dérive à rapprocher de manière très significative du débat qui agite les USA à propos de la neutralité du net.
http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39709983,00.htm?xtor=EPR-104
Le respect de la neutralité du web, c'est l'interdiction faite aux FAI, serveurs et autres acteurs de la distribution du signal de réserver un traitement différent aux informations qu'ils délivrent en fonction de leur contenu.
Si on ouvre cette cage aux fauves, dans un premier temps, les FAI vont restreindre les sites de loisirs qui nécessitent une grosse bande passante (vidéo, inter-activité), et dans un second temps ceux qui rapportent de l'argent à leurs concurrents. Déjà à ce stade, ce sera la chienlit.
Mais imaginez ce que cela pourra donner si ces acteurs se rapprochent du pouvoir politique, comme c'est le cas de la presse dans de nombreux pays sauvages comme la France ou l'Italie.
Déjà, dans ces deux pays, tant à propos des parties fines de Berlusconi que des ambitions déraisonnables de minisarko, la presse et les journalistes sont montrés du doigt comme des fauteurs de trouble et des empêcheurs de gouverner entre amis. De plus en plus, internet joue un rôle indispensable de contre-pouvoir et d'expression de l'opposition qui sont, rappelons-le utilement, des éléments constitutifs de la démocratie.
Goebbels n'aurait pas fait mieux...
En continuant sur cette voie, nous nous dirigeons vers un internet chinois. Les insouciants en rient tant que ce n'est pas arrivé, lorsque ce sera là, on ne rira plus mais il sera trop tard...
Et en Europe, il existe bien un village d'irréductibles défenseurs de la liberté, et même deux, mais ils ne sont pas Gaulois...
Les Estoniens et les Finlandais ont élevé l'accès à internet au statut de droit fondamental opposable.
Comme quoi on peut être discret et exemplaire...
http://www.svmlemag.fr/actu/04869/la_finlande_reconnait_internet_comme_un_droit_fondamental
Il serait temps de redonner un sens à nos symboles...
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