En effet, s’il y a encore deux ans la contrefaçon horlogère se bornait à reproduire des modèles de grandes marques avec, en outre, l’apparence du réel et des mécanismes internes plus que médiocres. Elle est aujourd’hui une sérieuse concurrente à l’industrie du luxe.
En effet, avec la vente à la Chine de l’outillage spécifique pour faire des calibres Suisses et la formation des horlogers chinois par des ingénieurs qualifiés, les nouvelles contrefaçons bénéficient de mécanisme de qualité, non pas supérieurs, mais tout de même excellents.
Par exemple, l’ancienne copie chinoise d’un mouvement ETA en nickel de mauvaise qualité fait place à présent à un mouvement ETA en acier, en titane ou encore en céramique, qui se rapproche inexorablement de la qualité Suisse originelle. Ce mécanisme chinois de qualité est désormais assemblé de façon professionnelle dans un boitier contrefait, tout en bénéficiant d’un traitement mécanique digne des meilleurs fabricants européens. Au point que l’on soit incapable à l’œil, pour certains modèles, de faire la différence entre une vraie bonne copie et une montre originale, à moins de demander une étude de l’acier à un laboratoire d’horlogerie professionnel.
Ainsi, une marque tire ses marrons du feu, Rolex.
Rolex, utilise son propre acier inoxydable (904 L) qui a deux fois la densité d’un acier standard utilisé par la grande majorité des fabricants Suisse. Par ce biais, Rolex limite d’emblée ce type de contrefaçon, sans oublier les 220 composants de son mouvement assemblés à la main. Pour un contrefacteur, l’opération est faisable, mais dans quelle mesure et avec quels matériaux ?
Si Rolex s’est fait une telle réputation depuis 1920, ce n’est pas un hasard. Mais cela n’empêche absolument pas les contrefaçons Rolex d’inonder le marché internet notamment, mais avec des matériaux moyens et une qualité générale plus que discutable.
Les Chinois ont depuis longtemps compris qu’une montre pouvait avoir une valeur marchande d’importance pour les Occidentaux, or, leur objectif est bien de parvenir à faire des copies si parfaites, que même un expert aura, à l’avenir, du mal à faire la différence entre une montre sortant d’un atelier de Hong-Kong et une autre, sortant d’un atelier Suisse.
Quelques chiffres : En 1982, la contrefaçon rapportait près de 5 milliards de dollars de chiffre d’affaire, elle en rapporte aujourd’hui près de 250 milliards.
« le 28 Juin 2007 à 12 heures (heure française) on trouvait 4035 montres Rolex (ou objets s'y rapportant directement) en vente sur eBay dans le monde »
http://avis-membres.ebay.fr/Repliques-copies-imitations-contrefacons-de-montres_W0QQugidZ10000000001657025
En 27 ans, les contrefacteurs ont multiplié par 50 leurs marges sans prendre le moindre risque puisque les marques piratées ont énormément de difficultés pour agir contre un marché aussi lucratif, les enjeux économiques sont si importants qu’aucune volonté ne serait assez forte pour éliminer ce marché parallèle et destructeur qu’est la contrefaçon et qui fait admirablement fonctionner l’économie chinoise, entre autre. Alors, pourquoi couper la tête à la poule aux œufs d’or ?
Quelle économie nationale aurait le courage de renoncer à 250 milliards de dollars ?
Les douanes internationales ont donc pu recenser 17 des plus grandes organisations criminelles mondiales, dont 14 d’entre-elles sont directement impliquées dans le trafic de contrefaçon (horlogerie, médicaments, confection, alimentation, etc.) et 6 de ces organisations sont directement impliquées dans le trafic et l’exploitation humaine, le blanchiment d’argent, le trafic de drogues, la prostitution...
Internet a donné la possibilité à ces organisations criminelles de développer une stratégie efficace et transparente, induisant très aisément le consommateur dans l’erreur.
L’intenaute se trouve alors séduit par la vitrine d’un site au graphisme agréable et moderne, qui présente des produits contrefaits sur photo qui semblent irréprochables à première vue, et à des tarifs défiant toute concurrence. Le consommateur tombe tout naturellement dans le piège qui lui est tendu au détriment de sa personne morale et des grandes marques contrefaites.
Ainsi, il est aisé de trouver des sites de copies de montres de luxe sur le web affichant des tarifs de 100 € au minimum, alors que le prix officiel des montres « originales » proposées en boutique de luxe est de 10 à 100 fois plus cher.
Comment peut-on être aussi naïf pour croire à de si bonnes affaires ?
En dehors de ceux qui font passer des copies pour des montres originales, il existe également des sites qui proposent des copies déclarées de toutes les grandes marques d’horlogerie Suisse, sans craindre un instant des répercutions et le fait de préciser qu’il s’agit bien de copies, pousse le consommateur à croire qu’il est dans la légalité, alors qu’il devient complice et coupable par la même occasion.
http://www.glad-fashion.net/index.php?cPath=220&gclid=CK_hgeXb3J0CFZQA4wodfjkkNw
Ce site est un des exemples qui illustre ce sujet et que l'on trouve sans la moindre difficulté sur le web, des montres de luxe avec "un rabais conséquent" de - 80%, quelle affaire ! Mais gare, ce ne sont que des copies et aucune d’entre elle n’est autorisée par les grandes marques qu’elles sont sensées représenter.
Le webmaster/contrefacteur joue alors le rôle de tentateur et propose au client de réveiller en lui le désir de posséder à moindre coût un objet qu’il n’aurait même jamais envisagé acheter, c’est ce que l’on appelle le « complexe du petit profit » pour certains, la frime pour d’autres qui veulent jouer aux riches sans en avoir les moyens.
Le vendeur, nul ne sait qui c’est, société écran, compte bancaire à l’étranger, de préférence dans un paradis fiscal, et l’on ne peut que très rarement lui mettre le grappin dessus, l’acheteur au contraire, c’est plus simple, c’est vous, c’est moi, ah non pas moi, je ne mange pas de ce pain là.
En conclusion, il apparaît que pour lutter contre la contrefaçon il serait judicieux de faire travailler les contrefacteurs chinois et de les intégrer à l’industrie du luxe. Nombre de petites marques sportwear font déjà fabriquer une part de leurs éléments en Chine et intègrent un mécanisme d’origine Suisse à leur boitier, le plus souvent de marque Ronda. C’est un moyen de limiter la contrefaçon en l’occupant officiellement.
La confection de luxe fait également appel à des ateliers chinois qui sont aujourd’hui très qualifiés pour des éléments de broderie, alors pourquoi pas des consortium entre la Chine et la Suisse dans la facture horlogère pour tenter de limiter les dégâts ?
Nous vivons une époque formidable…