Ce n’est pas un secret et cela a été souligné par d’autres à de nombreuses reprises : les leaders d’aujourd’hui n’ont pas grand-chose en commun avec ceux d’hier. Ce n’est pas qu’il leur incombe aujourd’hui de raconter des histoires pour asseoir leur pouvoir. C’est le contenu de ces histoires qui est très spécifique.
Voici quatre éléments assez incontournables pour les nouveaux leaders, et qu’il s’agit d’intégrer aux histoires qu’ils racontent, d’une manière ou d’une autre.
Mais au préalable : y’a-t-il des modèles, chez les nouveaux leaders ? Toute proportion gardée.
On peut en citer deux, auxquels on aura toutefois du mal à s’identifier, car la caractéristique fondamentale des nouveaux leaders, c’est qu’ils ne sortent pas d’un moule. Ce sont, beaucoup plus qu’auparavant, des individualités, au parcours donc très personnel. Cela dit, il y a des « patterns » à pouvoir dégager (et donc un intérêt à diffuser ce post !).
Bon, les deux leaders en question sont anglo-saxons et issus de la dynamique Obama : Robert Gates, le Secrétaire d’Etat à la Défense américain, qui était déjà celui de George Bush, et que Barack Obama a maintenu à son poste ; et Chris Hughes, l’un des fondateurs de Facebook, et chef d’orchestre opérationnel de la campagne électorale d’Obama.
Les quatre éléments d’une histoire efficace :
1 Une vision holistique du monde :
Qu’est-ce donc de nouveau que le holisme ? Le terme est devenu un peu tarte à la crème servi à tout va (tiens, un peu comme le mot storytelling dont on habille beaucoup de choses qui n’ont pas grand-chose à y voir) mais une définition simple cerne le sujet : c’est une manière de voir le résultat d’une addition d’éléments comme étant supérieur à la somme de ces éléments pris individuellement ; il y a donc une alchimie, pas forcément complexe mais qui est opérante. Il y a au début de la chaîne des éléments individuels et à l’arrivée une globalité (a whole), quelque chose s’est passé entre les deux, qui a transformé deux kilos de plomb en deux kilos de plomb plus un d’or. Chris Hughes, lui, a créé une plate-forme de communication utilisant les médias sociaux, dont l’impact est allé bien plus loin que ce qu’on pouvait attendre d’un tel outil. Robert Gates, lui, s’est illustré dans ce concept du holisme, en l’appliquant à la situation de l’Irak et de l’Afghanistan.
Tous deux ont réussi à appréhender un système opératoire, à le décomposer en pièces détachées, à identifier les relations entre les différents composants, et en même temps à appréhender cette fameuse globalité.
2 L’empathie :
Avec le patron, certainement. Parce qu’évidemment, on le voit bien, les nouveaux leaders ne sont pas des patrons. Ce n’est pas un statut mais un rôle que d’être un leader. Avec ceux à qui l’on s’adresse. Les électeurs, en ce qui concerne Chris Hughes. Les experts de la CIA et de la guerre à l’américaine pour Gates. Et là, c’est dans le background personnel que l’on peut trouver du biscuit. Avec Facebook, Hughes avait déjà pu développer une empathie forte avec les utilisateurs des réseaux sociaux ; il lui a juste fallu se placer dans un contexte plus étroit, lié aux attentes des électeurs, à leurs angoisses spécifiques. En tant qu’ancien de la CIA, Gates, lui, connaît bien la manière de penser, de fonctionner de ses interlocuteurs. Il comprend, lui aussi. Et se sert de ce qu’il a compris.
3 Une direction, une stratégie, des objectifs :
Dépassés les objectifs, la stratégie, dans un monde où l’adaptation à des contextes changeants très rapidement est devenu la clé ? Si c’était vraiment la clé, nous ne serions pas là où nous sommes. Mais passons. Non, la stratégie, c’est ce qui permet de se projeter, pour Gates par exemple, au-delà du conflit en cours, manière de ne pas avoir la tête dans le guidon : le conflit est un moyen, ce n’est pas une fin. Mais ce n’est pas uniquement une manière de penser. Non, cette fin est intégrée d’une façon concrète à chaque étape présente, ce qui peut achever de désorienter des opposants. Cela me fait un peu penser à la tactique de Nicolas Sarkozy, à laquelle ses opposants ne savent pas justement quoi opposer.
4 Les bonnes personnes non pas aux bons endroits mais dans le bon contexte :
Il ne suffit pas de réunir un think tank, mais il s’agit de créer les conditions d’une interaction constructive entre ses membres. Cela va peser sur le
choix de la typologie des membres, fonction du contexte, plutôt que de choisir les plus renommés, comme cela se fait encore bien souvent. L’objectif est d’obtenir à l’arrivée une vraie rupture de
pensée, car c’est à partir de là que l’on pourra confronter l’existant au possible et prendre des décisions, faire des arbitrages, bâtir des projets.
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