16 heures 30 minutes, heure locale, je me rends à l’hôpital pédiatrique de Ouagadougou afin d’interviewer Sylvie Ouédraogo.
Comment connaissez-vous le Comité des familles ?
Sylvie Ouédraogo : J’ai connu le Comité des familles lors d’un stage réalisé à Lyon dans un hôpital, c’est alors que j’ai eu l’envie de faire plus ample connaissance avec celui-ci. Je salue et respecte le travail réalisé par le Comité des familles afin d’améliorer le quotidien des personnes atteintes par le VIH.
Que faites-vous exactement ?
Sylvie Ouédraogo : Je suis pédiatre et je m’occupe de la prise en charge totale des enfants infectés.
Avez-vous une idée du nombre d’enfants pris en charge à l’hôpital pédiatrique ?
Sylvie Ouédraogo : Oui, nous avons précisément 450 enfants qui sont suivis régulièrement par nos services dont 350 sous ARV (antirétroviraux).
Vos tâches sont-elles limitées à l’hôpital ?
Sylvie Ouédraogo : Non, j’interviens dans plusieurs associations surtout dans la prévention et la sensibilisation des personnes. De là m’est venue l’idée de créer l’association ASEMIA (Association des Enfants et Mères Infectées ou Affectées). Cependant, ma priorité reste mon travail de pédiatre à l’hôpital !
Y aurait-il une ressemblance avec les actions menées par le Comité des familles ?
Sylvie Ouédraogo : Oui, nous luttons tous contre la stigmatisation des personnes atteintes par cette maladie. Nous soulignons également que le VIH n’est plus une fatalité, nous faisons cela avec beaucoup de volonté, bien que nos moyens soient très limités ! Les femmes de l’association sont très courageuses car elles donnent le meilleur d’elle-même. Je me souviens encore d’une anecdote où j’ai reçu un père désespéré car son fils de 2 ans était contaminé, un père très abattu, croyant que la vie de son fils était « foutue »… Dans ce cas notre travail a été d’informer et de rassurer les personnes touchées de près où de loin par le VIH. Plusieurs années ont passé, le fils a aujourd’hui 14 ans et vit comme tous les gamins de son âge.
Avez-vous le soutien des médecins dans ce combat ?
Sylvie Ouédraogo : Oui, je suis soutenue par plusieurs médecins. Leurs soutiens concernent plus précisément « l’information sur l’évolution de la recherche ».
Que pensez-vous de l’avis de certains médecins qui disent qu’un bon suivi de traitement éliminerait les risques de contaminations chez les partenaires ?
Sylvie Ouédraogo : Je ne peux pas donner mon avis sur ce sujet ! Le contexte n’est pas le même contexte. En occident l’évolution est telle que cela peut se faire. Cependant, en Afrique, nous manquons cruellement de moyens, il n’y a pas assez de laboratoires, de médecins, de logistique etc. Mais grâce à la science tout peut devenir possible !
Un reportage d’Ousmane Zaré avec Rosy Ndongala
Photos
Sylvie Ouedraogo, le 8 octobre 2007 à Paris