Jean est un maçon sans histoires, un homme marié, le père d'un jeune garçon, mais également un fils respectueux, prenant soin avec ferveur de son père âgé.
Dans sa vie, le quotidien se déroule sans à-coups, sans grandes émotions non plus. Un jour, alors que sa femme est alitée, il rencontre Mademoiselle Chambon, l'institutrice de son fils. Elle lui demande de l'aide pour des travaux. Il se rend chez elle et ils se croisent, dans le silence, par le regard. Ils vont se heurter assez vite à l'évidence de leurs sentiments.
Il n'est pas si facile de parler de ce film peu bavard car tout se tient dans le jeu subtil des acteurs, dans leur capacité à exprimer des émotions via le durcissement de leurs pupilles, le relâchement de leurs traits ou ces larmes qui coulent en silence soudain sur leurs joues.
J'ai aimé la simplicité des décors, réalistes ; la qualité de ce moment de cinéma, lent, doux, fragile, et terriblement émouvant.
Je gardais un souvenir très précieux du roman de Eric Holder. Ce film en est une adaptation plutôt réussie et un hommage délicat. A voir, et à revoir.
Je vous livre un extrait d'un article de l'hebdo ELLE, qui m'avait donné très envie de le voir, déjà...
"Un film modeste sur des gens modestes, qui n'ont pas grand chose à dire mais beaucoup à éprouver, peut-être plus émouvant que beaucoup d'oeuvres grand genre et virtuoses, dont on nous rebat les oreilles. Pas de grands effets dans "Mademoiselle Chambon" mais une attention aux personnages et aux acteurs telle que jamais Vincent Lindon n'a été aussi bon. [...] Il n'y a ni méchant ni idiote dans "Mademoiselle Chambon", les personnages sont à égalité et leurs émotions passent par la musique. Le mélo pointe, mais il n'y a pas de larmes. Et c'est en douceur que le spectateur ne s'aperçoit pas qu'il a franchi un interdit : s'identifier sans jugement moral à l'homme qui va peut-être quitter sa femme alors qu'elle est enceinte."
Anne DIATKINE, 9/10/2009