Saint-Laurent du Maroni

Par Argoul

Toujours sur la nationale 1, à l’embouchure du fleuve Mana, ce paisible village à l’extrême ouest du département a été crée en 1828 par la Mère Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la Confédération des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Un village peuplé de Hmongs à quelques kilomètres porte son nom.

8 000 habitants dans la commune, en majorité des Créoles, des Noirs-Marronsdes Amérindiens (Galibis) et des Haïtiens. L’activité principale est la riziculture : 6 500 ha de rizières.Le fleuve Mana est aussi appelé le « fleuve aux cent sauts ». Il est difficile de naviguer sur ce fleuve, principalement en période sèche. Il semble difficile d’accéder au-delà du 25e saut. Les Noirs-Marrons offrent le plus grand choix d’objets en bois d’amourette de Guyane.Le village amérindien côtier à une vingtaine de kilomètres de Mana est surtout connu pour la plage des Hattes. C’est sur cette plage de la seule commune amérindienne de Guyane, longue de 5 km, que viennent pondre les tortues marines d’avril à juin. Environ 5 000 tortues y pondent. C’est le lieu de la plus massive ponte au monde. Plusieurs espèces de tortues y déposent leurs œufs :

  • La tortue Luth, la plus connue car la plus grosse, entre 400 et 900 kg, espèce du grand large, se nourrit de méduses. Chaque femelle vient pondre entre 5 et 7 fois par saison, à 10 jours d’intervalle.

  • La tortue verte, plus petite que la précédente, moins lourde (entre 150 kg pour 1 m de long et 300 kg). Une estimation parle de 7 000 femelles venant déposer leurs œufs entre janvier et juin. Au-delà de 1 à 2 ans, elles deviennent herbivores alors que, juvéniles, elles semblent être omnivores.

  • La tortue olivâtre, la plus petite des tortues présente en Guyane, pèse 40 kg pour 70 cm de longueur. Cette tortue est en voie de disparition, il n’y en aurait plus qu’une centaine à venir pondre ici. Elle se nourrit de méduses, éponges, crustacés.

La sous-préfecture de Guyane, située sur les bords du fleuve Maroni, est née avec le bagne, la maison de Transportation. Saint-Laurent du Maroni a environ 25 000 habitants. Elle s’étend sur 483 000 ha. Ici, à 270 km de Cayenne, c’est le terminus ouest de la nationale 1. Cette ville agréable qu’on appelait autrefois le « petit Paris » possède de très beaux vestiges de l’architecture coloniale, telle la sous-préfecture, la gendarmerie ou l’hôpital. C’est une mosaïque d’ethnies qui cohabitent : Amérindiens, Noirs-Marrons, Chinois, Antillais, Dominicains, H’mongs, Surinamais, Indous, Haïtiens et métropolitains.« Capitale » du bagne de Guyane entre 1860 et 1946, Saint-Laurent du Maroni verra se déverser de la Loire et de la Martinière, en arrivages successifs, un flot de criminels, voyous, rebelles, marginaux, enfin toutes les personnes dont la France ne voulait plus. Une fois passée le grand portail d’entrée du camp, l’appel, le tri, les bagnards étaient distingués en catégories :-   Les transportés : détenus condamnés aux travaux forcés ou lourdes peines de prison-   Les relégués ou « pieds de biche » : multirécidivistes, condamnés au moins trois fois à trois mois plus un jour à des peines de prison.-   Les déportés : condamnés politiques ou pour crime d’État, espionnage, trahison, étaient envoyés sur l’Ile du Diable.Les condamnés étaient astreints à différents travaux, déforestation, construction de route, briqueteries, carrières et autres. Le soir venu, après l’appel ils étaient parqués dans des cases dans un état de promiscuité totale. Bagarres, crises de jalousie, dans ce monde clos étaient sévèrement punies par l’application d’une discipline rigoureuse et cruelle. Une juridiction d’exception appliquait un catalogue de punitions suivant la gravité de la faute qui allait d’une privation de nourriture jusqu’à la peine de mort. La visite de ce qui reste du quartier disciplinaire, des 160 cachots, de la place d’exécutiondonne une toute petite idée des conditions de vie des bagnardsdans ces lieux de réclusion individuelle.

Dans les « blockhaus »les bagnards purgeaient la réclusion collective. Non, non, ce n’était pas le Club Med, loin de là ! Dans la journée, ils étaient libres de leurs mouvements dans l’enceinte, dès 16h on les attachait à la barre de justice. Les prisonniers étaient allongés sur une paillasse et l’on leur attachait soit un membre inférieur soit les deux selon la punition qu’ils devaient subir jusqu’au lendemain 6h.

Dans ces « blockhaus », il y avait des toilettes à la turque appelées par les bagnards « la chambre d’amour » lieu qui leur servaitpour cacher leur « plan » ce tube en forme de cigare où ils enfermaient leurs souvenirs, économies… mais qui créait moult convoitises de la part des autres. Sordide.

Sabine

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