Selon la légende chinoise, l'utilisation
du thé comme boisson serait apparue en l'an 2737 avant notre ère, quand des feuilles se seraient détachées d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude que l'Empereur Shennong avait fait bouillir
pour se désaltérer. Ce dernier aurait alors apprécié le breuvage dont la consommation se serait généralisée.
Hé oui le thé est chinois à l’origine mais il est devenu indien, l’Inde étant le principal
producteur mondial de thé !
Et ce n’est qu’au XVII° siècle que le thé arrive en Europe par les
hollandais ; en 1653 il arrive en Angleterre et la Reine Anne Stuart en consomme pour la première fois à son petit déjeuner Le destin du thé en Grande-Bretagne prit un tournant en 1662,
lorsque le roi Charles II épousa la princesse portugaise Catherine de Bragance. La nouvelle reine d’Angleterre était une buveuse de thé passionnée bien avant d’arriver dans sa nouvelle patrie.
Comme partie de sa dot, elle apporta un coffre avec du précieux thé chinois, qu’elle servit à ses nobles amis de la cour. La connaissance de la nouvelle boisson eut tôt fait de se répandre, et
plus de gens voulaient y goûter, mais en raison de prix élevés, les plaisirs du thé restèrent réservés aux riches.
L’usage se répand et au siècle suivant Anne, Duchesse de Bedford, est la
première à inviter ses amies pour un petite collation l’après-midi autour d’une tasse de thé et de petits gâteaux !
Les prix élevés étaient dus à des taxes d’importation colossales prélevées car les Anglais avaient besoind'argent
! Les colonies américaines désapprouvèrent particulièrement cette politique fiscale, car elles n’avaient pas d’influence sur la législation. La contrebande et le boycott du commerce de la
société britannique East India Company en furent les conséquences. Le conflit dégénéra lors de la «Boston Tea Party» de 1773. A cette occasion, des citadins pénétrèrent par la force dans le port
de Boston et jetèrent par-dessus bord trois chargements de thé de la société anglaise East India Company. Cette attaque entra dans l’histoire comme le signal de départ de l’indépendance
américaine.
A partir de la fin du XVIIIe siècle, le thé devint la boisson préférée en Angleterre et remplaça l’ale (bière anglaise) au petit-déjeuner. La subite montée de la consommation de thé était due à
la suppression de diverses entraves commerciales.
Mais chez les anglais le commerce n’est jamais très loin, et le thé
devient vite un enjeu économique important ; la Compagnie des Indes Orientales aura ainsi le monopole du commerce du thé jusqu’en 1834.
A la fin du XVIII° siècle la Chine est donc le principal fournisseur de thé des Anglais et ceux-ci avaient mis au point un commerce triangulaire efficace ; le pavot, cultivé en Inde, était
transformé en opium et échangé contre du thé exporté en Angleterre. On sait que les Chinois tentèrent de réagir ce qui donnera lieu aux guerres de l’opium, mais là ce n’est plus notre
sujet.
En 1823 un Anglais, le
Major Robert Bruce découvrit en Assam une espèce indigène de théier. En 1834, pour pallier la perte de son monopole, la Compagnie des Indes Orientales entreprit d'installer des fabriques de thé
en Inde. Elle c
ommissionna, en 1848, Robert Fortune pour un voyage
d'exploration en Chine, en fait une véritable entreprise d'espionnage industriel. Déguisé en Chinois (photo), se fondant sans difficulté dans la foule, Fortune mena remarquablement à bien sa
mission. Il parvint à envoyer en Inde pas moins de 20 000 plants de théiers chinois et surtout à recruter huit fabricants de thé qui livrèrent à la Compagnie tous les secrets pour mener à bien la
culture du thé. Ces spécialistes chinois indiquèrent que les massifs de Nilgiris (Inde du sud), le Népal, le Sikkin et la zone montagneuse de
Darjeeling, ainsi que les plaines d'Assam étaient favorables pour développer des plantations d'excellente qualité. La culture du thé en Inde était
née.
La variété assamaise se révéla la mieux adaptée au climat très chaud de la péninsule indienne. Elle fut rapidement plantée en Inde et à Ceylan.
Aujourd'hui, la plupart du thé produit dans le monde provient de cette variété.
Si en 1870, 90% du thé consommé en Angleterre venait de Chine, en 1900 la Chine ne fournira plus que 10% du thé aux Anglais, l’Inde assurant 50% des approvisionnements.
Il semble qu’il y ait une controverse sur le thé qui, pour les uns, est le compagnon idéal de l’inspiration et pour les autres une boisson qui empêche de dormir. Mais la controverse n’est pas
notre tasse de thé et nous retiendrons pour clore ce débat cette jolie formule : « le thé et le café donnent de l’esprit à ceux qui en ont et des insomnies à ceux qui n’en ont
pas ».
Revenons en Inde où le thé est une boisson fort répandue et plus connue sous le nom de chai tea (ce qui
est un pléonasme car chai vient du mandarin cha = thé), ou encore masala tea. Et ce chai tea indien est en fait plein d’épices ! On y trouve en effet de la cannelle, clous de girofles,
poivre, cardamome et gingembre !
En Inde en effet à chaque coin de rue, dans les trains et les transports en commun, vous pourrez croiser un “chaïwallah”, un marchand ambulant de thé qui vous proposera son Chai.
Prépar
é différemment selon les régions et les
coutumes des uns et des autres, le Chai (ou tchai) se compose de thé noir, de lait chaud et d’un mélange d’épices dont le sucre.
Et tout ceci généralement mélangé à de la cardamome, de la cannelle, du
gingembre, des clous de girofle, du poivre ou de la muscade, mais chaque vendeur garde secrètes les proportions de ce mélange. Parfois, les autochtones font un kilomètre pour aller prendre leur
chai chez un vendeur en particulier. A chaque fois, c’est la surprise! En plus, il est servi dans un mini pot en terre cuite brute rouge en forme de cône qu’il faut jeter par terre ensuite (la
terre retourne à la terre et les indiens peuvent ainsi fabriquer des petits pots à l’infini). Dans les endroits touristiques d’Inde, on vous servira le Chai dans un
verre.