Barak Obama, Raoul Castro et le blocus américain contre cuba

Le blocus (pour les cubains), l’embargo (pour les américains) est presque cinquantenaire. Il est contreproductif pour les deux pays.

Pour les USA, l’administration Obama, qui compte bien montrer qu’elle rompt avec les habitudes du passé, se débarrasserait bien de ce blocus qui la fait régulièrement montrer du doigt comme une nation « agressive ». (L’embargo contre Cuba à été 18 fois de suite condamné par l’ONU en 18 ans, à la quasi unanimité) .

Pour les cubains, le blocus à eu une fonction très importante durant les cinquante dernières années. Il permettait au régime en place de justifier toutes les insuffisances. Pas de café, pas d’huile, pas d’électricité… La faute au Blocus !!! Cet aspect « pratique » du blocus a d’ailleurs été évoqué par Raoul Castro lorsqu’il a demandé à la société cubaine de présenter ses doléances.

Mais le blocus à aussi une tache plus fondamentale : Le régime cubain ne dure pas seulement grace a son cadre répressif. Il dure car il bénéficie d’un soutien massif du peuple sur au moins un sujet : la nécessaire indépendance cubaine face aux Etats Unis. Cette quasi unanimité du peuple cubain est due à différents facteurs : Historique, pour les cubains les USA ont « confisqués » leur victoire de la guerre indépendantiste, transformant l’ile qui venait de se libérer de la domination espagnole en un ce que les politiciens de la troisiéme république française aurait appelé un « protectorat ». Propagandiste : Depuis 50 ans, Fidel Castro a eu l’intelligence de faire vivre son peuple en « etat de guerre » permanent. Quel que soit l’époque de l’année, quelle que soit l’année, il y a une guerre ( et le vocabulaire guerrier qui va avec) en cours à Cuba. En toile de fond, donc, la « guerre » des Etats unis contre Cuba depuis 50 ans qui se nourrit de faits réels, supposés ou manipulés. Ainsi mon fils a-t-il appris à l’école que Cuba était le seul pays a avoir gagné une guerre contre les Etats Unis ( Lors de la baie des cochons, comme si les USA y avait débarqué en vrai et non quelques mercenaires payés par eux, comme si les viets n’avaient pas gagnés au vietnam…) Il y a quelques années, c’était la guerre contre le moustique propagateur du Dengue, on pourrait multiplier les exemples comme celui des 5 héros prisonniers aux USA , l’émission la bataille des idées à la télévision cubaine, etc…

En ce qui concerne les effets réels stricto-census du blocus, jamais je n’ai lu la moindre analyse pertinente et objective à Cuba ( pas plus d’ailleur que dans la presse US). Des chiffres circulent, officiellement, variables d’une année à l’autre, masi comme le détail n’est pas expliqué, 1,2,5 ou 10 milliards de dollars annuels n’ont aucun sens. En tout état de cause, le blocus est préjudiciable à l’économie cubaine mais moins que l’interdiction de voyager ( en réalité l’interdiction de dépenser de l’argent dans des magasins appartenant à l’état cubain) qui prive Cuba des deux tiers ( voire de 80 %) de ses touristes potentiels.

Si l’on résume, le blocus n’a plus que des inconvénients pour les Etats Unis dans un monde dans lequel les dangers de la contagion comuniste semblent être définitivement éloignés. Pour Raoul Castro, abandonner le blocus est un réel danger en même temps qu’une nécessité. Cuba est exangue en 2009 : Les caisses sont vides depuis 5 ans au moins, la capacité d’emprunt internationnaux est quasiment nulle ( sauf auprés , peux être, du Venezula et de la Chine), le tourisme plafonne à deux millions d’habitants, le priz du nickel est au plus bas, l’Ile doit importer une grande partie de son alimentation, la quasi totaité de ses biens industriels et l’essentiel de ses biens de consommation. Bref : la situation est grave, d’autant plus grave que les quelques entorses aux dogmes en place jusqu’à la chute du mur ont crée des aspiration consuméristes extrémement fortes dans la jeunesse qui sait depuis dix ans distinguer un Levi’s d’un jean chinois bas de gamme. Enfin Internet, même hyper limité comme il l’est actuellement et les chaînes de télévisions par satellite contrebalancent partiellement, au moins à la Havane, la propagande du régime.

Cuba à donc un besoin vital d’oxygéne sous peine de perdre définitivement les aquis nombreux de la révolution. Le systéme scolaire se détériore à grande vitesse tandis que la médecine présente un tableau chaque jour plus contrasté entre une médecine de pointe extrémement compétitive et des soins à la population chaque jour plus déficients ( la recherche de médicaments (en peso cubain) étant chaque jour plus problématique pour celui qui veut se soigner avec autre chose que du PPG *

Or cet oxygéne existe. Il est situé de l’autre coté de la mer, aux Etats Unis. La chambre syndicale du tourisme aux Etats Unis estime que si les USA levaient les restrictions au voyage, Cuba recevrait un million de voyageur la premiére année, 6 millions au bout de 5 ans. (actuellement 2 millions de touriste au total) Au dela du tourisme, et compte tenu de la qualification important de la main d’œuvre cubaine, de son agilité intellectuelle et manuelle, la régularisation des relations entre les deux pays ouvrirait à Cuba des marchés important ( sous traitance informatique, productions de médicaments, etc…)

Le blocus va donc tomber, c’est sur, mais quand ? Car la question cruciale pour Raoul Castro comme pour Barak Obama va être celle des apparences. Obama sait que l’embargo est majoritairement impopulaire, qu’il ne sert plus à rien. C’est une carte sure dans sa main pour augmenter sa popularité, et pour asseoir sa « nouvelle politique extérieure » mais pour cela il doit obtenir, aux yeux du peuple américain, quelque chose en échange. Les américains tentent semble-t’il de lier la levée de l’embargo a des amélioration dans le domaine des droits de l’homme. Cela serait le sens du message confié à José Luis Zapatero par Barak Obama Ce me semble être une erreur. Je ne vois pas comment Raoul Castro pourrait accepter cette ingérence dans la politique intérieure cubaine, surtout venant de la part des USA. A Cuba, la levée du blocus pourrait avoir un sens, permettant à Raul Castro de trouver une sortie « politique » à la crise économique. Il faut pour cela qu’il obtienne, en apparence du moins, la levée de l’embargo sans concessions majeures. Le gouvernement cubain ayant fait de la libération des cinq « héros » emprisonné aux USA une question majeure, un retour de ceux ci à Cuba négocié conjointement à la levée de l’embargo permettrait probablement aux USA d’avoir une meilleure marge de négociation.

* Un médicament cubain « miracle » apparu au début des années 80 qui soignait tout ou presque.