Ce modèle d’organisation du travail et de la production fut mis en œuvre chez Toyota, sous l’impulsion de Taïchi Ohno. Il repose sur deux innovations majeures.
Source : Annick Bourguignon, Le Modèle Japonais de gestion, La Découverte, 1993
*Kanban : organisation reposant sur des flux tendus.
Le premier pilier du toyotisme est l’« automation » (contraction d’autonomie et d'automation ), un système permettant d’interrompre la production à tout moment afin d’éviter les défauts et d’anticiper les pannes graves. Un système de signaux visibles par les travailleurs permet de détecter les anomalies. Les travailleurs peuvent alors arrêter les machines sans en référer à leur hiérarchie. Théoriquement, cela permet d'améliorer la qualités de la production tout en donnant plus d'autonomie aux opérateurs.
Le deuxième pilier est le « juste-à-temps ». Son objectif est de produire au moment voulu la quantité juste nécessaire de pièces, ce qui permet d'éviter les gaspillages, de réduire les stocks. La production s'adapte donc à la demande et non l'inverse.
Ce mode de production se situe donc aux antipodes du fordisme qui restait basé sur une hiérarchisation stricte des instructions, tandis que les travailleurs devaient se spécialiser dans une tâche répétitive. Tandis que la production massive ne collait pas à la demande, avec des risques de surproduction. En cas de crise, l'entreprise peinait à écouler ses stocks. De fait, le toyotisme s'est substitué au fordisme comme référence mondiale de production à la chaîne d'objets de consommation courante.
Taichii Ohno de la Toyota Motor Company à l’origine du « Toyotisme » dans les années 1950.
L'objectif de ce système est de mieux répondre aux évolutions de la demande tout en favorisant la baisse des coûts de production afin d’améliorer la compétitivité de l’entreprise. Désormais, la stratégie de différenciation s’impose aux entreprises qui doivent se démarquer de la concurrence en répondant aux demandes spécifiques des clients. Dans le même temps, elles doivent respecter l’impératif de qualité (« qualité totale »). En principe, le toyotisme doit améliorer les conditions de travail des salariés car ceux-ci ont moins de tâches répétitives et monotones, et ils ont plus d’autonomie et de responsabilités dans la production.
Il faut donc tendre aux 5 zéros:
- Zéro papier : réduire au maximum les procédures administratives.
- Zéro délai : éviter toute perte de temps entre le moment où la commande est enregistrée et où le produit est terminé et expédié.
- Zéro panne.
- Zéro défaut : une qualité irréprochable du produit fini.
- Zéro stock (voir plus haut).
Mais ces objectifs impliquent de nouvelles contraintes et le système tend à se gripper pour trois raisons:
- le “juste à temps” provoque le sillonage des routes par un trop grand nombre de petits camions, ce qui aboutit à une saturation des axes de transport et compromet ainsi l'objectif initial (”zéro délai”). Cette circulation accrue aggrave la pollution de l'archipel.
- Lorsqu’un opérateur ne fournit pas l’aval, c’est toute la chaîne productive qui s’arrête dans la mesure où chaque poste fonctionne sans stock.
- Cette mobilisation de tous les instants repose sur les épaules des travailleurs qui subissent donc un stress intense.
Liens:
- Les principes du toyotisme.