Magazine Politique
Parfois, quand le courage nous quitte, fatigués par les conflits liés à l'étiquette d'opposants qui nous a été collée à la peau, les simples élus locaux que nous sommes préfèrent adopter une stratégie plus calme: L'inertie. Cachée derrière ce quiétisme, et sans ignorer ses effets sur des politiciens drogués à l'initiative plus encore qu'à l'action, se révèle une vrai ruse.
Lors d'un conseil municipal, dans mon petit village rural, a été abordée la question de réaliser un projet de développement économique agricole. En dehors du fait qu'elle ne relève plus du domaine de nos compétences, puisqu'elle a été déléguée au niveau intercommunal, aucun argument raisonnable ne peut s'opposer à une telle idée... vraiment ? D'abord, consultons nos agriculteurs: ils contestent la viabilité et le réalisme. Bon. Consultons les techniciens maintenant, puisque, un tel plan regorge de détails dans lequel le diable ne manque pas de se dissimuler, et en l'occurrence, tout y est : assainissement, qualité de l'eau, impact environnemental et sanitaire... Un sac de nœuds duquel découlera de sérieux soucis pour la municipalité en place. En effet, le caractère de notre eau n'autorise pas ce projet, pas plus que le voisinage direct de notre petite agglomération. Pour courir après une petite subvention de 15000 euros, que nous n'obtiendrons pas (puisque nous ne disposons plus de la compétence nécessaire), ma commune "risque" de voir les propriétés de son eau et de son assainissement contrôlées plus rigoureusement, ce qui ne peut entraîner aucune objection de ma part.
Parfois, donc, nous récoltons avec chance, les fruits d'une non-manœuvre telle que la simple apathie.