A chacun son doudou. Celui des députés UMP est du genre massif. Une armoire à glace d’ 1m96, 130 kilos. Il fallait bien ça pour charrier les pièces jaunes de Bernadette Chirac. L’arrivée du judoka à l’Assemblée a mis un peu de baume au coeur des parlementaires de la majorité traumatisés par ce que Frédéric Lefebvre n’a pas hésité à qualifier de complot politico-médiatique. Attention aux apparences. Derrière l’image lisse et consensuelle du sportif se cache une réelle ambition politique.
La victoire, la semaine dernière de David Douillet dans la 12e circonscription des Yvelines, à la faveur d’une législative partielle, a mis fin à un réel suspense. La notoriété du judoka a permis d’endiguer le vent de fronde à l’égard du président de la république. Avec un score de 52% la star du judo enregistre un résultat honorable même si celui-ci se situe en dessous de la jauge habituelle de l’UMP dans la circonscription (60% en 2002).
Euphoriques les députés UMP ont réservé un accueil très chaleureux à leur nouveau collègue assorti d’un gentil bizutage. Aussitôt arrivé au palais Bourbon, le nouveau député a été contraint dans le cadre des questions d’actualité d’interpeller le gouvernement. “Ils commettraient une erreur en pensant que le printemps est revenu pour ce parti“, a tempéré Alain Rousset (PS), qui a toutefois estimé “plutôt positive“ l’arrivée à l’Assemblée “d’un grand sportif”.
Lors de la réunion du groupe UMP, Jean-François Copé et François Fillon ont fait assaut d’amabilités. Le premier ministre a rappelé qu’une piste rouge de la station des Ménuires porte le nom de David Douillet. Le sportif avait très activement participé à l’opération publicitaire «neige garantie. Satisfait ou remboursé» lors de la saison d’hiver 2007-2008.
De fait la carrière sportive de David Douillet est derrière lui. Au cours d’une interview, il confiait récemment que, “Dans la vie, il est important d’être aligné, d’être en phase avec soi même. Il ne faut pas rater les trains de la vie qui passent devant vous, et ce train-là, c’était plus fort que moi, il fallait que je monte dedans. C’est le sens de ma troisième vie en fait : la première, athlète ; la deuxième, celui qui a construit sa vie dans l’entreprise, et la troisième, l’engagement.”
Le côté homme d’affaires est sans doute l’aspect le plus méconnu et le plus intriguant de David Douillet. Son nom avait été mêlé à ce qui devait être appelé l’amendement Douillet. Une amnisitie glauque, sur mesure, offerte en 2002 par la droite à certains sportifs engagés.
David Douillet n’aime pas qu’on touche au grisbi. Le nouvel élu pour l’instant inscrit à la commission des Affaires culturelles qui s’occupe également du sport et de la jeunesse a fait savoir qu’il entendait plus tard siéger à la commission des Affaires économiques.
Mardi dernier, le tout frais député a exprimé son opposition à un projet d’amendement prévoyant un assouplissement du bouclier fiscal. “Quand vous travaillez tous les jours (…) et qu’au bout de l’année, vous faites une espèce d’état des lieux et que vous vous rendez compte que jusqu’au mois de septembre, vous travaillez pour l’Etat et qu’après, vous commencez à travailler pour vous. Je vous assure que ce n’est pas très motivant”. “Tout le monde mérite les fruits de son travail, même ceux qui gagnent beaucoup”.
David Douillet fleure le RPR bon teint d’autrefois. Le villepiniste Jean-Pierre Grand ne s’y est pas trompé en saluant la victoire d’un “chiraquien authentique” qui incarne “le gaullisme populaire”. Pour autant le sportif a embrassé sans états d’âme la Sarkozie. Le 4 mars 2009, le président en a fait le secrétaire général à la « vie sportive » de l’UMP. En début de semaine, il était reçu à l’Elysée. Le président “m’a dit qu’il comptait sur moi et que la France avait besoin d’hommes qui s’engagent, surtout de la société civile“, “NicolasSarkozy m’a conseillé de rester moi-même, de continuer à faire ce que je fais et ce qu’il fait lui-même: être dans l’action“.
Mardi, le nouveau et très discipliné député des Yvelines a jugé “ridicule” la polémique autour de l’élection probable de Jean Sarkozy à la tête de l’Etablissement public de la Défense (EPAD), précisant ne pas être choqué par cette éventualité.
“On sent qu’il a de l’ambition“ avait lâché à la presse quelque jours plus tôt son collègue UMP de la Loire, Dino Cinieri. L’avenir devrait lui donner raison.
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