«Bientôt on aura des T-shirts Guy Môquet»

Publié le 22 octobre 2007 par Willy

«Bientôt on aura des T-shirts Guy Môquet»

(Flickr/creativecommons/Nelson Minar) A la sortie des lycées parisiens, ce lundi à la mi-journée, ils étaient peu nombreux a avoir entendu la lettre de Guy Môquet le matin. Cordélia Bonal LIBERATION.FR : lundi 22 octobre 2007   Lundi à la mi-journée à Paris, rares étaient les lycéens qui partaient déjeuner avec la lettre de Guy Môquet à l'esprit. Au Lycée Charlemagne, dans le 4e arrondissement, la lecture a été reportée à l'après-midi dans certaines classes pour cause de DST le matin. «Et encore, s'interrogent des lycéennes de 1ère, on ne sait pas si la prof d'histoire va la lire ou non. En fait elle ne nous en a pas parlé.»

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Même cas de figure pour Alex, en terminale L au lycée Ravel, dans le 20e, qui croit savoir que son prof de philo lira la lettre l'après-midi. Lui non plus n'en a pas été informé par les enseignants, mais par les médias. Le nom de Guy Môquet ne lui est pas inconnu: l'année passée, sa classe était allée au mémorial de la Shoah et au Mont-Valérien, où la fameuse lettre avait été lue à la classe. «C'était intéressant parce que cette lettre était remise dans son contexte. Là, si c'est juste pour la lire, je ne vois pas à quoi ça sert. Il faudrait l'étudier, avec d'autres textes.» Au lycée Victor Hugo, pas moins de deux heures doivent être consacrées à la lettre au cours de l'après-midi: les enseignants ont demandé à des comédiens du théâtre de la Colline et à son directeur Alain Françon de faire une lecture de la lettre, mais aussi de textes d'Aragon ou d'André Breton, avant d'en débattre avec les élèves.
«C'est mieux comme ça, estime Margot lycéenne, en terminale L. C'est une façon de respecter l'ordre de Sarkozy mais d'une manière intelligente. De toute façon, la prof d'histoire ne voulait pas nous la lire elle-même. Elle dit qu'elle est prof d'histoire, pas de patriotisme.» Ayant elle aussi étudié la figure de Guy Môquet l'année précédente en classe de Lettres, elle regrette que le chef ne l'Etat «présente Guy Môquet comme une victime mais sans jamais parler de ses convictions politiques, de son engagement communiste». Margot, dans la même classe, renchérit:  «Il ne prend que ce qui l'arrange dans Guy Môquet pour en faire une vitrine, Il fait de la pub sur son dos, alors que c'est une figure historique. C'est trop facile. Et c'est trop facile d'en parler seulement aujourd'hui. Il y a même un téléfilm, une chanson... Bientôt on aura des T-shirts Guy Môquet, comme pour le Che! ».

Pas de lettre de Guy Môquet ce lundi matin non plus au Lycée La Fontaine à Paris, dans une classe de 1ère ES. Une allusion cependant en cours de français, qui n'a pas échappé à Pauline. «Nous sommes en train d'étudier L'Etranger d'Albert Camus. Notre professeure évoque le personnage de Meursault, et nous demande: "Vous croyez que Meursault agit sur un coup de tête ? Comme Sarkozy avec la lettre de Guy Môquet ?"» Ce sera la seule référence à la lettre de Guy Môquet pour cette classe de 1ère.