L’Independent Games Festival est décidément une excellente source pour dégoter les perles du jeu indépendant. Machinarium est le lauréat de l’édition 2009 dans la catégorie « visual art » et l’on comprend très vite pourquoi en le lançant. Pour autant, il serait injuste de limiter les qualités du titre à ce seul aspect, étant donné la réussite du projet d’Amanita Design, studio de développement tchèque à l’origine de ce jeu d’aventure point & click entièrement en flash.
Un conte muet plein de charme
Machinarium se présente sous un aspect un peu particulier. En effet, vous ne trouverez dans le jeu aucun véritable dialogue, que ce soit sous forme écrite ou orale. Ainsi, les personnages ne parlent pas, se contentant d’émettre des borborygmes divers. Et pourtant, loin de desservir le titre comme on pourrait le penser au premier abord, cela contribue en réalité à son charme général. Les bruits émis par les protagonistes sont certes déjà suffisamment expressifs pour avoir une indication de leur état d’esprit. Mais surtout, tous les dialogues sont remplacés par des petits dessins d’un style inimitable, traduisant les demandes ou pensées des créatures peuplant le monde enchanteur de Machinarium.
Dans ces conditions, il est certes difficile de mettre en place un véritable scénario, d’autant plus que les cinématiques sont peu nombreuses. De nombreuses questions sur l’univers, le héros, ses alliés et ennemis demeurent sans réponses à la fin du titre et l’on peut finir un poil frustré de ne pas en savoir plus. Pour autant, on prend plaisir à suivre ce qui sert d’intrigue et à recueillir petit à petit quelques maigres éléments sur les aventures de notre pauvre petit robot et de ses comparses. Notons également qu’une bonne dose d’humour a été intégrée au jeu et que vous vous verrez sourire à de nombreuses reprises au cours de l’aventure que ce soit en réaction à une situation cocasse ou à la vue d’un des adorables personnages.
Car la patte graphique des développeurs d’Amanita Design est bien l’une des grandes forces de Machinarium. Absolument tout dans le jeu concourt à l’établissement d’une ambiance hors du commun. Et pourtant, l’intrigue prend place dans un monde entièrement mécanique, jungle de rouages et engrenages que ne disputent a priori que tuyaux rouillés, tâches d’huile et de pétrole… Le héros commence même balancé sans ménagements dans une triste décharge. Indéniablement pourtant, une profonde poésie se dégage du titre. Évidemment, le jeu ne propose pas des graphismes d’un réalisme spectaculaire ou des effets pyrotechniques tape-à-l’œil ; il se démarque plutôt par une direction artistique remarquable. Il vous suffit de regarder quelques captures d’écran pour comprendre comment le charme opère, celui-ci se trouvant encore renforcé par les simili-dialogues ainsi que par les dessins que vous pouvez consulter dans la solution complète du jeu.
Une profusion d’énigmes variées
Machinarium emprunte largement aux ténors du point & click mais n’en demeure pas moins des plus efficaces. Le cœur du jeu repose sur un système bien connu de recherche dans le décor d’objets à récolter puis de réflexion pour savoir comment les utiliser ou éventuellement les combiner et progresser dans les niveaux. Sachez que vous ne pouvez interagir qu’avec les objets à votre portée, vous allez donc devoir utiliser les capacités de votre adorable robot qui peut s’allonger ou se tasser sur lui-même. Globalement, les interactions à effectuer demeurent la plupart du temps cohérentes et logiques, vous ne vous retrouverez jamais en face d’une situation totalement ubuesque même si ce qu’il faut faire ne vous apparaîtra pas toujours au premier coup d’œil évidemment. L’aire de jeu est quant à elle bien équilibrée : suffisamment restreinte pour avoir une petite idée de où chercher un indice mais également suffisamment vaste pour permettre des interactions intéressantes.
Le titre est servi, en plus de ces aspects classiques, par toute une série d’énigmes et de mini-jeux bien pensés. Ainsi, votre logique va être largement mise à contribution pour obtenir les objets nécessaires à votre quête ou simplement débloquer de nouvelles zones. Il est difficile de tout citer (et ce serait par ailleurs dommage) mais sachez en tout cas que les développeurs ont réussi à ponctuer le jeu de ces casse-têtes sans que l’on ait pour autant la moindre sensation de se retrouver face au même défi à résoudre.
Bien que le jeu ne soit pas spécialement difficile, notamment pour les habitués des point & click, notez que vous ne risquez en aucun cas de vous retrouver frustré. En effet, vous pouvez, dans chaque lieu, bénéficier dans un premier temps d’un simple indice qui vous indique grosso modo votre objectif. A vous ensuite de trouver comme y parvenir. Toutefois, si cela ne vous aide pas, comme cela arrive parfois, vous allez également pouvoir débloquer la solution complète de la zone après avoir réussi un petit mini-jeu. On soulignera toutefois que ce guide, qui se présente sous la forme d’un livre, doit malheureusement être débloqué à nouveau si vous le refermez et n’est parfois pas d’une grande aide, notamment quand vous avez besoin d’un élément qui se trouve dans un autre niveau. Au final, ces petits défauts vous empêchent au moins de trop recourir à cette assistance et vous gardent un peu de la tentation de tricher dès que vous êtes coincé. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller d’ouvrir une fois au moins ce mémento qui se révèle tout simplement magnifique.
Allez aider le petit robot
Machinarium est incontestablement un digne représentant du jeu d’aventure en point & click et devrait en séduire plus d’un grâce à son ambiance léchée. Amanita Design peut être fier de sa petite pépite entièrement développée en flash et devrait en tout cas obtenir une notoriété bien méritée. Le seul reproche que l’on pourrait adresser au titre est sa faible durée de vie, dès lors qu’il se termine en cinq heures trente environ (probablement moins pour les spécialistes du genre, votre serviteur n’étant pas forcément des plus dégourdis). Pour autant, vendu pour $20, il est clair que Machinarium vaut amplement son prix et on se prend simplement à prier pour qu’une suite dans le même univers nous arrive un jour ou l’autre…
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