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Orange mécanique à Sainte-Suzanne

Publié le 26 octobre 2009 par Laurelen
Orange mécanique à Sainte-Suzanne Ca se passe à Sainte Suzanne, un joli samedi après midi d’il y a deux semaines, au parc du Bocage. De gentils ados s’entrainent au skate, se prélassent sur la pelouse, s’échangent leurs mp3, leurs premières clopes, se bécotent, la vie quoi. Mais deux d’entre eux, la quatorzaine à peine sonnée, sans doute en mal d’amour, ont une méthode de drague des plus inquiétantes. A moitié planqués, ils balancent des cailloux en direction de deux tantines allongées sur l’herbe. Ca dure un peu, de plus en plus agaçant, jusqu’à ce qu’une des filles se prenne un galet en pleine poire. Elles se lèvent donc et vont signifier verbalement leur mécontentement, pensant en finir rapidement. Bien mal leur en a pris, car ça dégénère d’un coup à grande vapeur. Elles se font insulter, bousculer, menacer de castagne, et prennent même quelques coups. Leurs copains interviennent, mais ne sont apparemment pas habitués à la bagarre. A deux, les drôles de dragueurs font pleuvoir les coups sur trois garçons, tabassent la tête à l’un, cassent une dent et l’arcade d’un autre, menacent un autre de mort avec un couteau (à bout rond, genre cantine) sous la gorge. Sous le regard passif et légèrement amusé des nombreux badauds, la troupe agressée parvient à se réfugier dans le camion-bar de la place. Juste le temps de recevoir une dernière beigne avant que la porte se ferme. On prévient les familles, on appelle les secours, tandis que les deux agresseurs tournent autour, menacent, injurient, tentent même de pénétrer dans le camion. Visiblement, ils sont sur leur territoire et n’ont qu’une idée en tête : finir leur besogne, d’une manière ou d’une autre, surtout que dans l’affolement, ils se sont quand même pris quelques coups, c’est vexant…

Des parents arrivent et parviennent à récupérer leurs progénitures, dont le plus amoché qui est emmenée directement aux urgences. Un autre parent, qui a la lourde charge de reprendre quasiment tout le monde, a du mal à croire à la situation quand il parvient sur les lieux. Les deux excités qui poursuivent l’occupation du territoire, la multitude de promeneurs du week-end qui semble au dessus de tout ça, l’affolement général dans le camion-bar, d’où il paraît bien difficile de sortir à plusieurs sans dégâts supplémentaires. Heureusement les pompiers interviennent, isolent les deux furieux qui ont soudain une autre cible, et diversion est faite pour que cinq filles s’engouffrent dans la voiture du père de famille, qui laisse un dernier ado traumatisé dans le camion-bar, à la charge des pompiers en attendant les parents. Bilan de l’affaire : quelques clients en moins pour le camion, trois gars amochés plus ou moins sérieusement, cinq filles en pleurs et un dégoût certain quant au fait de revenir s’amuser dans ce joli parc…

Il n’y a qu’un policier de garde le week-end à Sainte Suzanne, on comprend qu’il a du mal à s’occuper autrement qu’en redirigeant les appels… C’est donc la police de Sainte Marie qui arrive sur les lieux, un bon quart d’heure après les pompiers. Ils auront bien du mal à calmer et embarquer les deux allumés. Ceux-ci ne seront pourtant pas inquiétés bien longtemps, car ils sont déjà remis à leur parents quand la plupart des familles des agressés se retrouvera au commissariat pour porter plainte. Une longue fin d’après midi de prise de dépositions, que tout le monde aurait bien aimé éviter… Où on peut relever la réaction d’un des policiers qui, demandant à une mère ce qu’elle est venue faire, et entendant « c’est pour l’agression de Sainte Suzanne… » répond du tac au tac : « l’agression ? Tout de suite les grands mots ! » Et ajoutant, à la maman qui défend son vocabulaire : « madame, si vous le prenez comme ça, je peux prendre la déposition d’un autre avant vous ! »

Une longue et triste fin d’après-midi où l’on se voit expliquer qu’il n’y aura sans doute qu’une maigre suite à cette affaire, vu les prévenus mineurs, vu le nombre d’ « agressions » dans le coin, et comment que la police elle est complètement débordée avec tout ça. Peut-être pourra-t-on mieux encadrer les jeunes excités, en les faisant suivre par des éducateurs… En attendant, ces deux là étaient présents au parc du Bocage dès le lendemain, l’air assuré et pas du tout traumatisé, narguant le patron du camion-bar. Sans doute, en l’absence de surveillance et de système de sécurité, se pensent-ils les gardiens du parc. Vu le nombre d’agressions dans le coin, ils ne sont apparemment pas seuls, ça aide. Et puis à ce qu’on dit, la mère d’un des deux aurait même menacé de porter plainte contre toutes les familles qui ont osé dénoncer son fils. Histoire de remettre le monde à l’endroit. Qu’elle ne s’inquiète pas, de moins en moins de skateurs pacifistes viendront trainer leurs pattes dans l’entourage de son marmay. De moins en moins de filles aussi, remarquez…

Le pirate de la Réunion décerne aujourd’hui la médaille de la bienséance au patron du camion-bar, et la palme de la connerie à tous les témoins inactifs de ce jour là. On souhaite un bon courage à tous les pompiers et flics qui font leur boulot comme ils peuvent, mais avant de décider d’une récompense pour la municipalité de Sainte Suzanne, on voudrait savoir si des solutions sont envisagées pour le respect de tous et la sécurité dans le coin, car la réfection de ce parc était une excellente initiative qui a été rondement menée, mais on nous avait pas prévenus que l’endroit était réservé aux crétins. A bon entendeurs…

Arthur

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