Durant plusieurs jours, un passant attentif aurait pu voir dans les alentours des gens, munis de cartons, penchés sur les bosquets ou se faisant de grands signes en courant en tous sens. Certains, à genoux, la tête dans les fourrés, criaient: "Je le tiens, je le tiens !". Cette mobilisation trouvait son explication dans un événement ayant eu lieu la veille. Une cane, accompagnée de son cortège de canetons, déambulait fièrement jusqu'à ce qu'un "plouf" se fasse entendre. Un petit étourdi venait de passer à travers une grille de caniveau. Maman canard au désespoir, regarde son petit qui barbote dans sa prison et se met à cancaner à tout va. Ce qui ne manque pas d'attirer un autre de ses petits curieux qui passe à son tour entre les barreaux: et re-plouf. Heureusement, de bonnes âmes s'en aperçoivent. On vient, on s'active, on soulève la grille, on sauve les malheureux tandis que M'me Cane s'affole. L'un d'eux à la bonne idée de les ramener près du bord du lac pour plus de sûreté. Ceci étant fait, chacun s'en retourne, fier de cette opération canardeaux si bien menée.
Mais, pour des raisons canardantes qui continuent à m'échapper, elle revint à pas palmés, avec toute sa tribu confiante et molletonneuse, à l'endroit du drame. Et rebelote ! Voilà que le même scénario se reproduit. C'est à se demander si elle ne cherche pas à s'en débarrasser. Plouf ! Re-plouf ! Retour des sauveteurs. On se verrait mal ne pas agir. On devient ingénieux, on cherche à sécuriser le parcours afin de protéger les petits palmipèdes d'une fin si cruelle.
Coïncidence ou ironie de sort ? Quelques jours plus tard, je ne pus m'empêcher d'avoir une pensée coupable en dégustant le menu du restaurant du quartier qui proposait du magret de canard. Et cette chronique de finir sur une chute amorale en forme de plouf.