Bruno Delamotte, déjà l’auteur du roman « Caviar grillé » vient de publier un nouvel ouvrage intitulé « Les coulisses de l’intelligence économique » dans lequel il cherche à lever quelque peu le voile sur les pratiques et les acteurs d’une profession, souvent décriée dans les média en raison d’amalgames avec l’espionnage et les « barbouzeries ».
Bruno Delamotte est le patron du cabinet Risk & Co, spécialisée dans la gestion des risques pays et dans les missions d’intelligence économique. Risk & Co est l’un des quatre plus importants cabinets d’IE en France avec l’ADIT, CEIS et Geos BI. L’auteur revient sur la fusion « douloureuse » entre son cabinet (BD Consultants) et celui de Philippe Legorjus (Atlantic Intelligence), et règle ses comptes en évoquant les pratiques douteuses, voire illégales, d’Atlantic Intelligence : « Les cadavres étaient nombreux et, le plus souvent, jetés dans un placard plutôt que correctement enterrés ».
Bruno Delamotte règle ses comptes, et il a beau dissimulé les noms, le public averti reconnaitra sans trop de difficultés ce dont il est question. Cependant, la question centrale de cet ouvrage « confession » est ailleurs : comment réguler et encadrer une profession qui mêle enjeux stratégiques, secteurs publics et privés, et où l’information confidentielle doit circuler entre ces différents acteurs, mais actuellement sous le manteau et sans cadre légal. « Qu’il me soit permis ici de lever un coin du voile, de compter quelques aventures qui permettront de se faire une opinion sur l’intelligence économique telle qu’elle est pratiquée en France aujourd’hui. »
Même si l’auteur reconnait avoir flirté avec les limites du système, « Si j’ai parfois joué à cache-cache avec les lois et la morale, tutoyé les limites du possible, je pense ne jamais avoir franchi la ligne blanche, encore moins avoir risqué le carton rouge (le passage par la case prison) », il en dénonce justement le flou et les pratiques de certains acteurs qui dépassent allégrement ces limites, dont notamment ces APR (agents privés de recherche) – détectives privés -, qui sont souvent pointés du doigt par la presse et assimilés à tort au monde de l’intelligence économique.
L’on peut toutefois s’interroger sur les motivations profondes de Bruno Delamotte d’écrire un tel ouvrage, et notamment par ces phrases sibyllines : « Je ne suis pas sûr d’avoir le courage d’un sacrifice que je pressens inutile. J’espère donc que ces confessions ne sont pas un testament. Un ultime cri avant la nuit. ». Il en ressort un livre bien rythmé qui apporte un regard « orienté » sur cette profession, et surtout un appel à une structuration de l’IE en France pour éviter les dérives et gagner en efficacité face à nos concurrents internationaux.
Lire également l’interview de Bruno Delamotte par Fabrice Frossard (Usine Nouvelle)