Le constat de l’impasse Française
En s’inspirant de cette démonstration implacable de Pascal et en intégrant le constat de déliquescence de l’influence Française, soit son incapacité à faire bouger les rapports de forces et à prendre des positions de leadership, nous allons tenter de mettre à jour les enjeux véritables du Grenelle pour la France, que l’on pourrait qualifier de dernière chance ! A l’heure ou l’on voudrait tirer un trait sur les causes qui ont conduit aux accords dits de Grenelle, il est paradoxal que ce terme porte la capacité à légiférer ou à prendre position de façon concertée. Cette notion de prise de position ne sera pas étrangère à notre démonstration. Les postula de ce pari sont les suivants. La France agace et surprend tout à la fois en permanence, d’une part par une certaine arrogance que nombreux trouvent de moins en moins légitime et d’autre part à travers ses prouesses et ses prises de positions péremptoire mais aussi prémonitoires. La France souffre de l’inertie de ce qui fit sa grandeur passée. En effet dans un monde imprévisible où les règles sont plus celles du Jeux de Go que des Echecs et dont la carte n’est pas le territoire, quelle stratégie adopter pour retrouver cette légitimité d’influence et d’action ? Citons pour exemple notre présence militaire en Afrique, comment aux yeux de ce continent pourrions nous représenter l’avenir et non plus incarner un passé douloureux ?
Le changement que tous proclament faire ou vouloir faire trouve ses justifications politiques à gauche comme à droite avec soit des logiques partagées, telle la décentralisation, soit des origines inattendues, telle la réforme des armées. Il est prôné en Management que le « changement » est accepté par le sens dans lequel il s’inscrit. Or de façon apparente ce sens semble inexistant dans le discours politique! La question est :
Y a t-il un pouvoir supérieur à celui de la politique qui oriente la stratégie et permet la légitimité des opérations ?
Une hypothèse de sortie
Sans avoir de réponse simple, il n’est pas interdit de penser qu’à l’instar des Think Tank Américain, certaines communautés de pensées, dont les Grands Corps de l’Etat sont influentes. Des sujets tels que :
- le cheminement du niveau de conscience de notre responsabilité dans l’emballement démographique, puis de l’effondrement du niveau des ressources naturelles et enfin à travers l’évolution inquiétante du climat,
- la durabilité du driver des 2 derniers siècles sur le Progrès y seraient débattus.
S’il n’y a aucun doute sur les manifestations graves d’un réchauffement climatique, dont on ne sait s’il est durable ou réversible, il n’en est pas de même de ses causes. En faisant ouvertement le « Pari » que ce réchauffement est la résultante d’un effet de serre et qu’il est indiscutable que l’on puisse établir une corrélation de fait avec un autre phénomène qui est l’accroissement vertigineux du taux CO2 dans l’atmosphère, l’Europe avec la France prend position sur la scène internationale, de Kyoto à Copenhague. Ce dernier indicateur, dû pour 75% à notre mode de vie (transport, habitat Urbain) et à nos comportements (gaspillage, procréation) et pour 25% à nos technologies de productions de l’énergie, nous pousse à agir urgemment.
La vieille Europe semble vouloir par cette prise de position audacieuse légitimer ses droits et devoirs sur l’évolution du monde moderne en l’opposant à un autre modèle montant qui est celui porté par la Chine. Quand on fait cette analyse, on devine l’origine de certaines manœuvres en Afrique qui sont par exemple, outre la course aux ressources, celles de la main mise sur la gestion des sociétés de télécommunication, de pêche et du BTP.
Une prise de position, un pari
La France, comme d’autres pays de l’Union européenne, soit 15/27, a fait le choix du nucléaire. Celui-ci représente en 2008 76% sa couverture en électricité, en complément de la production hydroélectrique principale composante des Energies Renouvelables à 87%. Ce choix, porté par le principe de puissance indépendante, a modelé le tissu de notre Intelligentzia en Technologie (Commissariat à l’Energie Atomique). Aujourd’hui le niveau de conscience partagé en Europe dépasse la simple idée de la nécessité d’un certain partage des ressources (démographie, accessibilité) portée par le développement durable, il induit un potentiel de légitimité d’une gouvernance de la destinée de l’humanité ! Ainsi la France par son engagement fort pour ce pari, s’inscrit dans la continuité pour porter la voix de la France, tout en s’associant aux efforts collectifs. Ce dernier point est très nouveau pour être relevé. Que lui confère cette prise de position ?
- A l’international des jalousies comme d’habitude, suite à la nomination de Mme Polosse à la Direction Générale d’IRENA (140 Pays adhérents sur 196_ Cf IGN), de l’incrédulité tant notre retard dans les technologies des énergies renouvelables est colporté, un étonnement voire une remise en cause généralisée des positions sur l’énergie en Europe,
- A l’intérieur du Pays, une logique et un certain sens à son action de rénovation de l’Etat, telles les collaborations Préfecture/Conseil-Régionaux, la mise en première ligne des collectivités locales, la marche forcée des regroupements des DRIRE, DRE, DIREN en DREAL, la pincée verte dans les pôles de compétitivité, le pilotage stratégique de la recherche sur l’énergie avec la création de l’ANCRE IFP/CEA/CNRS …
Cette lecture a rebours des changements engagés, tant dans l’organisation interne du pays que dans les comportements de nos politiques à l’international, me laisse à penser que cette hypothèse se déroule sous nos yeux. D’autres engagements seraient nécessaires pour appuyer cette stratégie en particulier celui de créer et d’animer des centres d’essais à vocation mondiale sur ces NTE en s’inspirant d’INES, PROMES, CEF. Cette proposition parmi d’autres est portée par l’ADEME, le bras armée de l’Etat pour l’environnement et les Energies Renouvelables afin d’alimenter l’emploi du Nouvel Emprunt National et promouvoir la structuration des filières associées.
Jean-Luc Didier
Citation de Pascal :
* Vous avez deux choses à perdre: le vrai et le bien, et deux choses à engager: votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre foi ; et votre nature a deux choses à fuir: l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre croyance? Pesons le gain et la perte, en prenant choix que Dieu est. Estimons ces deux cas: si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter.