Verbatim : “L’opposition est-elle muselée ? Pas plus qu’ailleurs et peut être moins que dans d’autres pays. C’est une démocratie qui mériterait de faire des progrès comme la notre (…) Aujourd’hui la Tunisie est le pays qui économiquement est le plus développé de sa région. C’est vrai qu’il a jugulé l’islamisme, merci. (…) Nuançons notre point de vue. On peut déplorer qu’il n’y ait pas d’alternative à M. Ben Ali. Ca c’est d’accord et, semble-t-il, il n’y en a pas. Mais, dire que ce ‘est pas une démocratie ça, c’est très choquant”.
Les propos de l’ancien ministre de la justice s’inscrivent dans la droite ligne de l’opinion occidentale dominante bienveillante à l’égard du président Zine El Abidine Ben Ali, en raison de ses succès économiques, de la stabilité du pays et de son rôle de “rempart” contre l’islamisme.
Au pouvoir depuis 1987, date à laquelle il a écarté pour “sénilité” son prédécesseur Habib Bourguiba, Ben Ali, 73 ans, a instauré un régime qualifiable d’autoritaire. Contrairement aux propos de Pascal Clément, le pouvoir Tunisien tolère à peine l’opposition. Le mouvement islamiste Ennahda et le Parti des Ouvriers communistes de Tunisie (POCT), notamment, ne sont pas reconnus. “Théoriquement pluraliste, la Tunisie vit de fait sous un régime de parti unique où le pouvoir exécutif n’est tempéré par aucun contre-pouvoir“, observe la présidente de la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Souhayr Belhassen.
Une appréciation confirmée Jean-François Julliard le président de Reporters sans frontières (RSF): “En Tunisie, la critique politique n’existe pas. Les journalistes de l’opposition et les militants des droits de l’Homme sont surveillés en permanence“. La presse étrangère n’est guère mieux traitée. Une journaliste française du quotidien Le Monde , arrivée en Tunisie pour couvrir les élections, a été refoulée.
Les élections présidentielles qui se déroulaient ce dimanche sont sans surprise . Ben Ali au pouvoir depuis 22 ans est assuré d’être réélu pour un cinquième mandat.
La bienveillance des nations européennes s’explique également par l’importance des flux économiques. La Tunisie réalise 80 % de ses échanges économiques avec l’Union européenne, la France en tête. En visite officielle en Tunisie en avril 2008, Nicolas Sarkozy avait déclaré n’avoir pas de leçons à donner en droits de l’homme au président Ben Ali .
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