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Révolte, le nouveau prototype de citröen

Publié le 25 octobre 2009 par François Némo @ifbranding

Citroën Révolte 

Je m’amuse beaucoup à décrypter le langage des voitures ! Les voitures ont toujours quelque chose à nous dire. Une vraie source d’inspiration. Elles reflètent mot à mot nos contradictions et nos états profonds. J’ai découvert avec beaucoup de « gourmandise » ce prototype haut de gamme de Citroën présenté à Francfort. Il y a plusieurs intentions qui se contredisent dans cette voiture. D’abord son patronyme, qui confirme cette volonté de transgression que l’on retrouve chez tous les constructeurs automobiles (voir ma note « ces Audi qui me font peur »). Ensuite son regard, qui révèle les contradictions de la marque et sa difficulté à se positionner clairement.
La transgression change de camp
Révolte. Ce prototype s’appelle bien Révolte ! Une voiture de luxe que l’on nomme Révolte ! Bien sûr, il y a un effet graphique sur la seconde partie du terme « volt » pour marquer la référence à l’énergie électrique. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans l’association du luxe  et du terme de révolte. Antinomique. Le luxe n’est-il pas traditionnellement du côté de l’ordre et du pouvoir et la révolte (une forme de transgression) du côté de la désobéissance et de la contestation (on pense à Mai 68). La transgression change de camp. On inverse le rapport. On change la donne. La jouissance s’installe du côté du pouvoir et de l’argent. Un mouvement de fond qui touche de nombreux comportements sociaux et dont l’automobile n’est que le révélateur. L’exemple le plus probant étant bien sûr celui des banquiers embarqués dans une sorte de course à la jouissance pour le moins transgressive et mortifère.
Alors que les opposants nous parlent de nationalisme, de repli sur soi, de valeurs bourgeoises, les traders nous parlent d’ouverture des frontières, de liberté, de plaisir.... N’est-ce pas la première fois dans l’histoire récente que l’on est confronté à ce double jeu. Le pouvoir qui explose ses inhibitions, les traders qui « pètent les plombs » et les voitures de luxe qui nous interpellent directement avec un regard « méchant ». Un mélange aventureux, oui certainement, mais là n’est pas le sujet de ma note...
La difficulté d’une vraie position
Le problème avec ce prototype, c’est qu’il n’assume pas son nom. Plutôt que d’exprimer sa révolte, il nous regarde d’un air placide, mélancolique. Aucune rebellion dans son regard, plutôt de la douceur et un désir de protection. Il y a presque de la Coccinelle dans l’affaire… Manque de cohérence. Surtout la volonté de satisfaire tous les publics. Du pur marketing. Luxe, révolte, petite, mélancolique... C’est une voiture « cumulative » qui tente d’associer dans un même modèle tous les critères en vogue aujourd’hui dans l’automobile. On est loin de la 2CV (présentée comme son modèle) ou de la Twingo dont on connaît le succès exemplaire mais qui résultaient d’une véritable prise de parti. Il y a dans ce prototype un vrai problème de choix.
Décidément, les voitures sont de merveilleuses traductions de nos savoir-faire et de nos états d’âme. « Les cathédrales des temps modernes », nous disait Roland Barthes. Outre que celle-ci nous enseigne que la transgression change de camp et s’installe durablement, elle nous montre aussi que la réussite d’un produit ne dépend pas de la sophistication de son design ni de son marketing, mais de la capacité de s’engager et à faire des choix.


Proto 4ph

 


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