… ça y est, je suis descendue du plateau après une longue absence bloguesque! Mais pour venir vous parler de théâtre. Et du travail de Frédéric Aspisi dont je vous ai déjà parlé ici.
Aspisi met la barre très haut. C’est le genre de type qui ne se la raconte pas, mais qui n’écrit pas vraiment avec ses pieds non plus. Et quand il choisit un sujet, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Toujours le même fantasme, jamais le même spectacle est une pièce de théâtre sur le viol. Loin des clichés et du politiquement correct, loin de la provoc à deux sous, ce texte formidable sera joué par son auteur en novembre à Paris.
Fragments d’interviews.
CHERCHER LES MOTEURS PROFONDS DU VIOL
Frédéric Aspisi manipule son public. Il les place face à leur propre fantasme de viol. En se posant en conteur, il crée les images mentales, alors que sur scène, il ne se passe… rien. Parce que l’image est absente, elle est d’autant plus présente dans les têtes des spectateurs… La première réaction du public est de dire “non” au viol. Mais Aspisi ne fait que raconter l’histoire d’un fantasme, ses mécanismes. Jamais le viol n’a lieu. L’acteur oscille entre victime et violeur, tour à tour fantasmant dans son lit, puis assigné en justice devant une juge… de sexe féminin.
LA FIGURE DE LA FEMME
Sur scène, Lise Bellynck (interprète des Anges exterminateurs, film de Brisseau sorti en 2006) est une présence blonde et muette. Femme-objet? Absence de droit de réponse au fantasme de viol de l’homme? Pas du tout. Lise, c’est l’écran de projection de tout ce que les spectateurs peuvent imaginer en écoutant le texte. Elle n’a aucune indication de jeu et peut réagir selon son envie. Elle écoute. Le miroir du spectateur.
ECRIRE LE SPECTACLE EN TEMPS REEL
Toujours le même fantasme est truffé de surprises. Aspisi ne fait qu’improviser à l’intérieur de modules de jeu. Des lumières à la mise en scène, tout est calculé pour que rien ne soit pareil d’un soir à l’autre et que le spectateur soit embarqué dans une expérience sensorielle et émotionnelle. Je n’ai pas le droit de vous en dire plus…
ETRE HOMME, ETRE FEMME
Le spectateur masculin a deux réactions : le rejet (pris en flagrant délit des fantasmes qu’il mijote dans sa tête…) Ceux-là croient que cette révélation du fantasme leur ôte du pouvoir. Les autres montrent un petit sourire en coin… “un acquiescement de vestiaire de foot”, s’amuse Frédéric Aspisi.
La spectatrice, quant à elle, sauf si elle a déjà vécu -hélas- une histoire de viol elle-même qui lui rend le spectacle insupportable (cela dit, Aspisi présente ouvertement son sujet dans le programme des théâtres), la spectatrice, donc, est souvent fascinée, excitée par le développement du fantasme. Frédéric Aspisi assure le sentir physiquement dans le public… et dans la salle après la représentation!
Un très beau texte sur ce qui fait courir nos rêves érotiques…
“toujours le même fantasme”
Frédéric Aspisi, Lise Bellynck, Bertrand Couderc, Julien Kosellek, Samuel Mazzotti, Sophie Mourousi
du 4 au 7 nov et du 10 au 14 nov à 19h30
soyez là 10 mn avant
durée : 1h
dans le cadre de “L’humour se fait noir”, évènement automnal de
L’étoile du nord
16 rue georgette agutte, paris 18ième
infos et résa au 00 33 1 42 26 47 47 / [email protected]