Projet Modem : quid de l'aménagement numérique du territoire ?

Publié le 25 octobre 2009 par Pguillery

J’ai suivi les travaux de la commission « Infrastructures » et j’ai écouté François Bayrou hier, quand il a dit que les travaux en cours sont un « point de départ ». J'ai bien lu document distribué par la commission ce matin. Un constat : l’aménagement numérique du territoire n’est évoqué nulle part dans ce que j’ai lu. J’ai fouillé les sites, le forum. Rien trouvé. Ai-je raté quelque chose ?


Le document produit par la commission "Infrastructures" parle effectivement de « développement technologique » : « Les développements technologiques favorisent le développement de l’immatériel, les infrastructures sont intelligentes, les services associés apportent une grande partie de la valeur ajoutée, l’intermodalité est maîtrisée ». C’est bel et bien vrai – mais seulement si nos concitoyens ont tous accès au monde digital, aux autoroutes de l’information, en bref au très/haut débit de la même manière, aux même conditions (y compris financières). Comme l’électricité.

Pourtant tout ça c’est loin d’aller de soi. C'est pourquoi la puissance publique DOIT agir pour qu’une péréquation existe. Ce n’est pas de l’idéologie, ça a été démontré ici même en France...

...ou France Télécom/Orange a dû se faire forcer la main (Art. 1425-1 du Code des collectivité territoriales) pour accepter d’amener l’ADSL là où « ça ne rapporte pas d’argent » depuis 2005. Le débat fait rage en ce moment aux Etats-Unis, où les opérateurs se comportent comme des acteurs privés qui veulent gagner de l’argent (normal), et pas comme des aménageurs du territoire (le rôle des politiques). Aujourd’hui on doit équiper la France de TRES haut débit, c'est-à-dire de fibre optique. Ca va couter des fortunes – il est impératif de réfléchir à cette problématique, d’y apporter une vision politique.

Aujourd’hui certains peuvent penser que le problème est réglé car « tout le monde a l’ADSL » pense t’on. Inexact, incomplet, pas vraiment faux, mais un peu… D’abord il y a ADSL à 1,5Mb et ADSL à 15 ou 20Mb. Avec du 1,5Mb, pas question de triple-play, encore moins de HD (il faut 5 ou 6 Mb stable). Et évidemment tous les vrais services à valeur ajoutée (qui existent ou qui sont à créer) demandent bien plus que du 1,5Mb. Alors le problème est il réglé ? Demandez aux gens en région. Nous, dans les zones urbaines, nous avons tous le débit à 8Mb mini qui permet de bien profiter. Mais pas ailleurs, pas encore vraiment – malgré ce que racontent Orange et le gouvernement.

> Et puis il y a la fibre optique (FFTH) – là c’est un autre méga chantier, le même qu’’il y a 5 ans, avec 15 fois plus d’argent en jeu. Et un enjeu politique fondamental : l’accès pour tous à la société de l’informatique, qui « favorise l’immatériel ». Parce que là non plus, ne rêvons pas : les opérateurs privés n’iront pas amener de la fibre partout en France (comme il y a de l’électricité) sans qu’on leur force la main – ou alors il faut le faire à leur place. La DIACT s’intéresse beaucoup à ça, une loi est en préparation pour encadrer la péréquation, tout ça bouge…

C’est pour ça que je prétends qu’il faut un vision d’aménagement numérique au projet Modem, et que je ne la vois pas. Il faut remédier à ça.