Qu'il serait doux d'échapper à cette vie dont elle n'espère plus aucun bonheur. Elle n'a qu'un souci : maquiller son suicide en accident pour ne pas le faire peser sur sa famille, qui
s'occupera de son petit garçon de deux ans qui n'a jamais parlé. Oui, mais voilà, du mur du beau voisin à son balcon, il n'y a qu'un petit pas à franchir, un pas que le fils de ce dernier va faire
chaque jour pour les rejoindre...
Une nouvelle douce-amère comme la vie, une vie que seul l'amour peut faire supporter, que seul l'amour entre
deux êtres peut faire aimer. L'amour aussi d'enfants pour leurs parents qui ne peuvent plus les aimer, déchirés eux-mêmes de l'intérieur par la souffrance d'une séparation, d'une
rupture de désir qui lui rappellent l'autre. Mais rien n'est dit, tout est suggéré. Ce sont ces petits riens de la vie banale d'une vie en Sardaigne, écrasée par un soleil toujours trop cuisant.
Mais sous cette apparente légèreté du style de Milena Agus, auteur de Mal de pierres (2007) et de Battement d'ailes (2008), derrière ces actes anodins, c'est tout un monde de
pensées intimes qu'elle révèle, ces peurs de la maladie, de la mort, ou au contraire ces envies de mourir plus fortes que tout, toutes naissant d'un manque d'amour et mourant lorsque renaît le
désir.
"Vivre était vraiment terrible. Bien sûr, pas toujours. Il y avait eu aussi pour elle des moments où elle avait désiré vivre. Par
exemple quand le père du bébé lui parlait en enroulant autour de ses doigts ses cheveux qu'elle avait très longs, ou quand ils allaient manger des pizzas et qu'ils s'asseyaient l'un près de
l'autre et les choisissaient différentes parce que, de toute façon, ce qui était dans l'assiette de l'un était aussi à l'autre, ou dans les excursions à la montagne, lui, attentif, derrière dans
les montées, devant dans les descentes, ou bras dessus bras dessous en ville, parce que le père du bébé marchait vite et elle lentement, et alors elle s'accrochait et se laissait entraîner par ce
doux courant, ou au lit : comme il lui plaisait, au lit." (p. 42).
Une petite nouvelle toute simple qui ne m'a pas tant conquise que cela, contrairement à d'autres critiques dithyrambiques dans la presse - Télérama - et dans la blogosphère - Des livres et des
champs, Culturofil, Brik à book, etc...
AGUS, Milena. - Mon voisin / trad. de l'italien par Françoise Brun. - Editions Liana Levi, 2009. - 51 p.. - (Piccolo ;
60). - ISBN 978-2-86746-500-0 : 3 euros.