La médecine soigne les maladies. C'est-à-dire qu'elle tente, entre autres, de ramener les personnes malades à la possibilité d'un fonctionnement normal, compatible avec les choix de vie ouverts aux personnes en bonne santé.
Peut-elle parfois tenter d'amener des personnes, malades ou non, à un niveau de fonctionnement supérieur ? A faire en sorte qu'elles se portent 'mieux que bien'? Cette perspective fait couler pas mal d'encre. J'en avais d'ailleurs déjà parlé autour de la question de l'amélioration de nos facultés mentales.
Mais toute cette discussion, qui inclut notamment le débat autour du dopage sportif, repose sur l'idée que l'on sait distinguer ce qui est de l'ordre de la thérapie, et ce qui est de l'ordre de la médecine améliorative ou enhancement en anglais dans le texte. Est-ce si clair ? Un récent colloque à la Fondation Brocher questionnait cette distinction. Encore plus illustratifs, certains exemples de thérapies où s'opèrent le flou entre ce qui guérit, ou compense, et ce qui améliore. L'un de ces exemples est l'athlète Aimée Mullins (ci-dessus), amputée des deux jambes, et qui non seulement a repris la compétition mais joue avec ses prothèses et explore avec elles de nouveaux domaines esthétiques et sociaux. Elle présente son expérience dans une conférence fascinante. A voir absolument avant de reprendre toute distinction entre thérapie et enhancement.