Si la science, la religion, la biologie, le créationnisme, et même l'éthique (ça fait beaucoup) vous intéresse, allez vite écouter le ballado de Scepticisme scientifique, où Jean-Michel Abrassart interview cette semaine Antoine Vekris, alias OldCola.
Non, je ne vais pas vous le résumer: allez-y voir.
Bon, OK, je craque pour deux points que je vous résume quand même. Tout d'abords, le créationnisme n'est plus rangé bien tranquillement au delà de l'Atlantique. Tiens: en 2007, l'enseignement de la création biblique sur le même plan que l'évolution, dans un cours de biologie, a été corrigée in extremis avant la diffusion d'un manuel scolaire...bernois.
Le deuxième point est bien sûr éthique. Le discours actuellement le plus courant sur la science et la religion est le Non-Overlapping Magisteria (NOMA). L'idée que l'approche scientifique et la foi religieuse sont parfaitement compatibles car la science s'occupe de décrire le monde, et la foi s'occupe de 'questions de sens et de valeurs morales'. Laissons pour le moment le sens de côté, pas que ce soit sans importance, mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. Concernant les valeurs morales, la doctrine du NOMA est simplement inexacte. Le domaine moral ne dépend pas des religions. Un 'détail' que, soit dit en passant, Platon avait déjà vu il y a pas mal de temps. Dans l'Euthyphron, il met en scène Socrate posant la question suivante:
'Une action est-elle bonne parce que les dieux l'ordonnent?
Ou bien les dieux l'ordonnent-ils parce qu'elle est bonne?'
Euthyphron commence par choisir la première option. Une action est bonne parce que les dieux l'ordonnent. Mais alors il faudrait, se voit-il rétorquer, obéir aux dieux même s'ils nous ordonnait une chose ignoble? Pour prendre un exemple chrétien, quand avez-vous pour la dernière fois lapidé un membre de votre famille qui aurait eu une autre religion ? Pour citer un commentaire sans doute apocryphe : à cette époque, Notre Seigneur était encore bien jeune… Lorsqu’on lit un texte sacré pour y trouver des fondements moraux, on fait des choix, et c'est parfaitement légitimes.
C'est donc que les dieux ordonnent une action parce qu'elle est bonne, poursuit Euthyphron. Mais alors, poursuit Socrate, il y a quelque chose que les dieux reconnaissent dans une action, qui la rend bonne, et qui ne dépend pas d'eux...! Du coup, si nous sommes capables de faire des distinction entre les bons et les moins bons commandements divins, c’est que nous avons forcément nous aussi une source de jugement moral différente de la religion.
Que le domaine moral ne dépende pas du domaine religieux doit nous soulager. Heureusement! Car si notre faculté morale dépendait de nos religions, notre éthique dépendrait ... de leur vérité. Vu le nombre d'énoncés religieux qui ont été falsifiés par la démarche scientifique, on sera alors dans de beaux draps. Même les personnes croyantes, au fond, ne tirent pas leur éthique de leur foi. Si vous en êtes, posez-vous la question d'Euthyphron et vous verrez. Peut-être que vous associez votre foi et vos valeurs morales. Peut-être pensez-vous que Dieu vous surveille, peut-être vous aide. Mais tout cela est très différent.
Le rapport avec l'image? Elle montre à quel point c'est absurde de vouloir enseigner des 'théories' mythologiques sur le même plan que la vrai vie. Donnerait-on le même statut à la 'théorie de la cigogne' dans un cours d'éducation sexuelle? The Onion, et des meilleurs journaux satiriques de la toile, a fait quelque chose de similaire avec une pseudo-théorie de la 'chute intelligente' comme alternative à la gravité. J'aime bien aussi le petit côté girl power de cette image. Mais si êtes une lectrice féministe et que vous trouvez que c'est trop objectifiant, que cette image est un reflet de détournement d'image des femmes, plutôt que d'humour et de confiance, voici une chanson pour me faire pardonner. Elle risque bien de plaire aux autres aussi, en fait.