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Un seul être (Paul Eluard)

Par Arbrealettres

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Un seul être

I

A fait fondre la neige pure.
A fait naître des fleurs dans l’herbe
Et le soleil est délivré.

Ô! fille des saisons variées,
Tes pieds m’attachent à la terre
Et je l’aime toute l’année.

Notre amour rit de ce printemps
Comme de toute ta beauté,
Comme de toute ta bonté.

II

Flûte et violon,
Le rythme d’une chanson claire
Enlève nos deux coeurs pareils
Et les mouettes de la mer.

Oublie nos gestes séparés,
Le rire des sons s’éparpille,
Notre rêve est réalisé.

Nous posséderons l’horizon,
La bonne terre qui nous porte
Et l’espace frais et profond,
Flûte et violon.

III

Que te dire encore amie?
Le matin, dans le jardin,
Le rossignol avale la fraîcheur.
Le jour s’installe en nous
Et nous va jusqu’au coeur.

Le jour s’installe en nous.
Et tout le matin, cherchant le soleil,
L’oiseau s’engourdit sur les branches fines.
Et fuyant le travail, nous allons au soleil,
Avec des yeux contents et des membres légers.

Tu connais le retour, amie,
C’est entre nous que l’oiseau chante,
Le ciel s’orne de son vol,
Le ciel devenu sombre
Et la verdure sombre.

IV

La mer toute entière rayonne,
La mer toute entière abandonne
La terre et son obscur fardeau.

Rêve d’un monde disparu
Dont tu conserves la vertu
Ou rêve plutôt

Que tu m’as gardé sur les flots
Que la lumière… Et sous le soleil
Le vent qui s’en va de la terre immense.

(Paul Eluard)


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