A l'invitation de Mediapart, j'ai récemment pu participer à un débat relatif à la "dette écologique". Débat trés intéressant. En le préparant, je me suis interrogé sur les éventuels effets pervers de cette notion au terme de laquelle, le "Nord" aurait une dette envers le "Sud" en raison notamment des émissions de carbone générées pendant des générations par l'activité industrielle des "pays riches" dont furent victimes les "pays pauvres".
La dette écologique pose, comme le principe d'une taxe carbone dotée d'un taux trop bas, la question du droit à polluer : dés lors que je m'acquitte d'une dette ou d'une taxe puis je continuer à polluer comme avant, la mauvaise conscience en moins ? La question est identifique pour les compensations carbone qui sont autant d'indulgences climatiques selon l'expression de Jean-Marc Jancovici.
On peut cependant traiter le problème différemment. L'urgence n'est elle pas de réfléchir à la manière dont l'Afrique est ou n'est pas asociée aux négociations climatiques préalables au sommet de Copenhague. L'urgence n'est elle pas, à partir de la notion de dette écologique, de penser une nouvelle gouvernance écologique de ces négociations qui permettent réellement d'associer, les citoyens en général, ceux d'Afrique en particulier.
A lire les déclarations et conclusions de réunions internationales relatives au Climat, j'ai le sentiment que les débats ont principalement été monopolisés par les Etats-Unis, l'Europe, la Chine et l'Inde....et l'Afrique ? On reconnaîtra à Jean-Louis Borloo d'avoir multiplié les initiatives et les déplacements destinés à mettre l'Afrique au coeur des négociations. Pour quel résultat ? Où en sommes nous ? Le dernier voyage de Jean-Louis Borloo à Ouagadougou n'a pas fait couler beaucoup d'encre : dommage.
A titre personnel, je lirai d'abord (mais pas uniquement) l'accord de Copenhague en fonction de cette grille de lecture : où est l'Afrique ? A-t-on cessé de la regarder avec le seul statut de victime ou est-on décidé à en faire un acteur majeur de l'avenir du Monde ?
Poutant, l'Afrique se mobilise. Ainsi, les dix pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) ont décidé d'adopter "une position commune" au sommet sur le réchauffement climatique prévu en décembre à Copenhague, à l'issue de la 14e session de leur organisation samedi à Kinshasa.
Autre évènement majeur dont personne ne parle sauf l'AFP : Les dirigeants africains ont pris en compte le réchauffement climatique comme cause des déplacements de populations dans le texte d'une convention sur les déplacés et réfugiés du continent, adoptée vendredi à l'issue d'un sommet de deux jours à Kampala.
"Le point important de cette convention, c'est qu'elle s'applique aux conflits et au réchauffement climatique comme causes des déplacements", a jugé le Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU, Antonio Guterres, peu après la cérémonie de clôture du sommet.
En 2008, 104 catastrophes naturelles ont été enregistrées en Afrique, dont 99% liées au climat, a assuré lors du sommet le responsable des affaires humanitaires à l'ONU, John Holmes.
Selon lui, 700.000 personnes sur le continent ont été déplacées par ces catastrophes en 2008, suggérant que leur nombre réel pourrait être bien plus élevé".
A l'évidence ce dossier des réfugiés climatiques est crucial et les juristes environnementalistes et humanitaires doivent travailler ensemble pour lui donner un sens et une portée. Voilà un vrai sujet...
Je suis perplexe : à la veille de Copenhague, on parle beaucoup du storytelling Sarkozy Obama mais peu de sujets fondamentaux comme la place de l'Afrique dans les négociations, l'absence de dossiers comme celui relatif à la protection des sols...et on parle beaucoup d'objectifs globaux qui ont peu de chance d'être respectés si l'on ne parle pas de gouvernance.
Alors : faut-il aller à Copenhague ?!