Selon un rapport de la Commission Européenne, publié ce 22 octobre, l'achat en ligne de biens dans un autre Etat membre rencontre de nombreux problèmes.
Un organisme indépendant a mené une vaste enquête mystère dans toute l'Union Européenne en demandant à des consommateurs de commander 100 produits très demandés dans un autre Etat membre. Il
s'agissait notamment de livres, de cd, d'ordinateurs ou encore de vêtements.
Au total, 11.000 commandes ont été réalisées et 60% d'entre elles n'ont pas pu aboutir parce que le vendeur ne proposait pas l'expédition dans le pays de l'acheteur ou qu'il ne proposait pas de
moyen de paiement transfrontalier adéquat.
Parmi les pays où l'acheteur peut le moins effectuer des achats intracommunautaires se trouvent la Lettonie, la Belgique, la Roumanie et la Bulgarie.
Un autre résultat, pire encore, révèle que dans 25 pays sur 27, plus de la moitié de ces achats était impossible !
Cette problématique des achats transfrontaliers est un sérieux inconvénient pour les cyber-acheteurs : dans plus d'un Etat membre sur deux, plus de 50% des produits a pu être trouvé moins cher de
10%, frais de port inclus, dans un autre pays. D'autre part, 50% des articles recherchés n'ont pu être trouvé dans sur un site national mais bien chez un e-commerçant étranger.
Mme Kuneva, commissaire européenne, a déclaré : "Les résultats de cette enquête sont réellement frappants; nous disposons à présent de
faits et de chiffres concrets illustrant la mesure de l’inexistence, pour le consommateur, du marché unique européen dans la vente au détail en ligne, alors que le consommateur pourrait être mis à
un clic de souris d’offres plus intéressantes et d’un choix de produits plus étendu dans notre vaste marché européen. Dans la pratique, l’acheteur en ligne reste largement confiné à l’intérieur de
ses frontières nationales. Le consommateur européen se voit refuser l’accès à un choix étendu et à un meilleur rapport qualité-prix. Il mérite mieux. Il nous faut simplifier le labyrinthe
juridique qui empêche les commerçants en ligne d’offrir leurs produits dans d’autres pays."
Le commerce électronique en Europe n'a cessé de croître. Le nombre de cyber-acheteurs européens est passé de 21% en 2006 à 33% en 2008. Mais l'écart se creuse avec l'e-commerce transfrontalier qui
lui a stagné, passant de 6% en 2006 à 7% en 2008.
Les vendeurs qui proposent leurs produits dans les autres Etats membres est également réduit puisque, en 2008, sur 51% des distributeurs européens qui proposent leurs produits sur la toile,
seulement 21% réalisent des ventes hors des frontières.
Le potentiel existe cependant puisqu'un tiers des consommateurs affirme qu'il est disposé à envisager un achat dans un autre Etat membre, si le prix proposé est plus attractif.
Les enquêtes mystères: les constats
Une enquête a été menée en ligne pour le
compte de la Commission européenne afin de vérifier, en suivant le processus d’achat du début à la fin, les possibilités offertes aux consommateurs par le commerce électronique transfrontalier
dans l’UE, et les obstacles rencontrés à cette occasion. Dans tous les pays de l’UE, des testeurs ont recherché cent produits courants (allant des CD aux machines à laver en passant par les
ordinateurs ou les appareils photos numériques) offerts à la vente sur internet, vérifié l’économie possible en achetant à l’étranger et les entraves aux achats électroniques dans un autre pays
de l’UE. Au total, près de onze mille tests transfrontaliers ont été réalisés. Les principales conclusions sont les suivantes.
- Le consommateur peut réaliser de substantielles économies . Dans treize des vingt-sept pays, et pour la moitié des produits recherchés au moins, les consommateurs ont trouvé une offre à
l’étranger dont le prix était au moins 10 % inférieur à celui de la meilleure offre nationale (tous frais – de livraison dans le pays du client notamment – compris).
- Il est possible d’accéder à des produits non distribués dans son pays . Dans treize pays de l’UE, plus de la moitié des produits recherchés, qui n’étaient pas proposés par des sites
nationaux, pouvaient être achetés en passant par un autre pays de l’UE.
- La plupart des commandes n’aboutissent pas . En moyenne, 61 % des commandes passées en ligne dans un autre pays de l’UE échouent, essentiellement parce que le commerçant a refusé de
livrer dans le pays de résidence du consommateur ou n’a pas offert de moyens de paiement transfrontalier adéquats.
Habitant la Belgique, j'avais déjà constaté que trop souvent les sites nationaux ne proposaient pas l'achat
de certains articles. Pour faire référence à un site connu de la plupart, prenons Fnac.com, site français.
Comparez celui-ci avec son homologue belge Fnac.be. Vous constaterez rapidement que le choix du site belge est fortement réduit par rapport à la plateforme française. Espérons que le taux d'échec
des achats intracommunautaires révélé par la Commission Européenne et qui s'élève à 70% pour la Belgique pourra être amélioré.