Trop peu de temps pour écrire sur la FIAC elle-même avant sa fermeture, trop de choses à faire chaque soir, mais voici mes impressions de Slick, cette année la meilleure des foires off, je trouve. Là encore, quatre ou cinq galeries où j’ai vu des pièces qui détonnaient un peu par rapport à la masse, que j’ai de plus en plus tendance à trouver un peu monotone, indifférenciée, sans souffle (ou alors, c’est que je deviens blasé).
Commençons par ce très beau quadriptyque dont on ne sait d’abord si ce sont des tableaux ou des photos, si ce qu’on voit sont des morceaux de corps, sans doute féminin, ou bien des tissus. De plus près, on voit le grain de la photo et le grain du tissu, les plis, les cavernes, les jeux d’ombre et de lumière. Si les tableaux de l’Anglaise Alison Watt sont des monuments, les photographies de Linda Suthiry Suk, Française d’origine cambodgienne, sont des bijoux, des blasons fascinants, dans lesquels le corps du spectateur voudrait s’engouffrer tout entier (comme là) . J’avais noté il y a deux ans ses vidéos pures, sensuelles et splendides et j’ai été enchanté par ces petits paysages sensuels (Draps) sur le stand de MT Projectroom.
A la Galerie Kamchatka, j’ai aimé, entre autres, de tout petits formats de Joan Ayrton, cette peintre d’horizons indécis, qui combine ici des photos très sombres d’un ciel nocturne où brille la lune, simple point lumineux sur une pellicule quasi noire, et des plaques de métal laquées de noir sur lesquelles elle laisse tomber une goutte de peinture blanche: avec une grande simplicité, c’est un beau travail sur la trace, sur l’image enregistrée et l’image composée (Entre-nuits).
Chez Kernot, j’ai trouvé que cette série de photos (Database panorama) de la Coréenne Argentinelee formait un ensemble très cohérent, alliant constructivisme et illusion kaléidoscopique. Il s’agit en fait de photos tirées d’une vidéo (vue il y a deux ans) d’une tour, où ces images d’acier et d’électronique prennent une complexité et une profondeur inusitée. Tout son travail tourne autour de constructions, d’édifices, parfois de béton ou de fer, parfois de ‘chips’ et de ‘motherboards’, et parfois de chair.
A la Galerie Duplex, les photos architecturales de Cédric Cottaz sont dédoublées et saturées de lumière, les détails en disparaissent et seules persistent les silhouettes blanches des châteaux d’eau ou des tours, sur un fond noir d’encre : c’est un travail expérimental sur la disparition des formes architecturales, leur réduction à des archétypes simplifiés, et la perte du lien avec le réel, que j’ai trouvé plein de profondeur.
Citons encore, pour clore cette visite, les autoportraits enfantins, entre joliesse et réinvention de soi, de la belle Yuan Yanwu à la Galerie Dix9, les toujours attachants dessins de Vanessa Fanuele chez Van der Stegen et les amusants pictogrammes d’Anne-James Chaton au Porte-Avion.
Bonne visite ! Ça vaut la peine d’aller au 104 (et, en plus, quelques performances : dimanche midi, Katia Feltrin en burqa !).
Photos 2, 4 et 5 de l’auteur.