Quelle surprise alors, à l’écoute de Dionysos Eats Music !!!, copieux double CD d’inédits et de versions alternatives paru pour fêter les quinze ans du groupe, de constater que je suis loin d’en avoir fini avec eux.
Au fil de ces 45 titres offerts aux fans, c’est tout le spectre musical couvert par Dionysos depuis ses débuts qui s’épanouit en un ensemble paradoxalement homogène et assez cohérent. Paradoxalement, oui, car ce qui frappe le plus, c’est l’incroyable diversité de formes, d’influences et de tons abordés par le groupe. Du punk au folk en passant par la country, le hip hop et la chanson française. Et c’est cela même, cet incroyable bric à brac qu’est leur discographie qui fait bien la marque du groupe, sa signature reconnaissable entre mille.
A côté de versions live rénovant de fond en combles des morceaux que l’on aimait peu (La métamorphose de Mister Chat), de chansons revisitées en acoustique (une constante), de reprises de bon goût (Rid of Me de PJ Harvey) ou de prises alternatives souvent très instructives quant au processus créatif du groupe (voir la version d’origine piano/voix et étonnamment languissante et belle de Song For Jedi), la grande affaire de cet ensemble, ce sont bien les inédits enregistrés sur 4 pistes en 1996. Ces six morceaux passionnants, acoustiques, avec leurs instruments comme désaccordés, presque approximatifs, évoquent une sorte de dEUS dénudé des premières années. Ou encore mieux, hypothèse alléchante, des morceaux des deux premiers albums des Anversois repris par French Cowboy. Voire le Nebraska que Mathias Malzieu n’enregistrera sans doute jamais. Tout cela avec les moyens du bord, sans Steve Albini, sans John Parish, producteurs-stars qui ont croisé ensuite le chemin de Dionysos. On est, là, encore très, très loin des contes et des textes fantaisistes dans lesquels se plait Mathias Malzieu depuis quelques années, et, honnêtement, on donnerait volontiers toute La mécanique du cœur, toutes les pages de son premier roman, pour le seul Ferry Boat Shoes. D’autres titres de l’époque (en anglais pour la plupart) puis des inédits de Haïku deux ou trois ans plus tard, rappellent que Dionysos était avant tout (et est toujours, en live notamment) un foutu groupe de rock, biberonné aux Pixies et à Nirvana (le groupe de Kurt Cobain étant opportunément cité dans la dernière partie de le version live de Coccinelle ici présente), capable de convoquer The Kills pour un Old Child dont le coffret nous dévoile d'ailleurs une première version sans la voix de VV.
Enrichi de textes détaillant l’histoire de chaque morceau, de chaque version, de chaque enregistrement, Dionysos Eats Music !!! donne une idée assez nette de l’incroyable générosité du groupe., du sérieux avec lequel ce double album a été entrepris. Notre enthousiasme sera juste tempéré par les quelques inédits récemment enregistrés (La sorcière du désert, La plus heureuse des mamans du monde), moins bons malheureusement et confirmant les teintes gentiment variet’ que peuvent parfois prendre la musique et les textes de ce groupe pourtant précieux…