DECLARATION DU CN DU PARTI DE GAUCHE
Les prochaines élections régionales auront une signification nationale. Car le débat de la campagne électorale et le résultat du vote prendront leur place dans le cadre de la crise économique et politique qui accable notre pays. Aujourd’hui nous vivons un paradoxe. Cette crise, les choix et les méthodes du gouvernement de Nicolas Sarkozy devraient placer la gauche comme un recours attendu par le pays. Ce n’est pas le cas. Loin de là. C’est même le contraire souvent : la droite continue de gagner les élections partielles ou l’abstention devient abyssale. Si rien ne change, non seulement Sarkozy continuera de se sentir les mains libres mais il peut raisonnablement envisager sa réélection. Selon nous, il ne doit pourtant rien à ses propres forces mais tout à la carence de la gauche qui n’est pas à la hauteur.
Pourquoi en est-il ainsi ? Notre analyse nous conduit à constater que la domination du Parti socialiste sur la gauche est la principale cause de la difficulté à mobiliser le grand nombre. Force est de constater que c’est le cœur du problème. Cette impuissance est largement imputable à la défiance que crée l’hégémonie du Parti Socialiste. En effet elle cantonne toute les propositions dans le cadre étroit de l’accompagnement du libéralisme et elle diffuse dans toute la gauche le poison de ses querelles de personnes et de compétitions de carrière. Quand la politique de la droite frappe, le PS aujourd’hui est un étouffoir pour toute dynamique populaire qui voudrait remettre en cause le système et imaginer un autre futur. Comme si cela ne suffisait pas, avec les offres d’alliance au Centre, le PS affiche clairement qu’il n’entend pas aller plus loin que ce que le MODEM peut accepter. Cette confusion, dorénavant entretenue dans toutes les élections est un adversaire permanent de la mobilisation a gauche.
Dans ce contexte, notre responsabilité est de proposer un autre chemin, une autre méthode pour que notre peuple puisse faire un autre choix. Sinon comment en finir avec le libéralisme et le productivisme ? Nous ne nous satisferons jamais de la seule protestation contre l’ordre établi. Nous voulons le changer pour de bon. Il faut pour cela construire une nouvelle majorité de gauche autour d’un nouveau pôle de rassemblement à gauche. Notre stratégie est l’alliance de toute l’autre gauche pour y parvenir. Pour commencer cette nouvelle alliance, nous avons construit le Front de gauche avec les communistes. Il est aujourd’hui le seul point d’appui unitaire disponible. Il a déjà reçu le soutien de 6,5 % des électeurs à sa première présentation devant les électeurs d’ outre-mer et de métropole. C’est un acquis précieux. Nous voulons le développer pour qu’il deviennent la force de référence à gauche… Et en même temps nous voulons que le front de gauche élargisse sa capacité à peser sur les évènements en concluant une alliance électorale stable avec toutes les autres forces de l’autre gauche, organisations, personnalités, groupement de dimension nationale où locale.
Le Parti de Gauche a travaillé depuis des mois en vue de ce résultat. Aujourd’hui existe un lieu qui permet le dialogue et les convergences, c’est le groupe de travail qui réunit à la fois les forces qui composent le Front de Gauche et des formations comme le NPA, les Alternatifs ou la Fédération. Bien sûr, il existe toujours des différents, parfois importants. Mais aucun ne doit être insurmontable pour peu qu’on en ait la volonté. D’ailleurs les avancées n’ont pas manqué au cours des trois premières réunions de ce Groupe de Travail. Le 28 octobre et le 2 novembre, deux nouvelles rencontres sont prévues. Nous voulons qu’elles permettent de conclure. Nous avons besoin en effet de passer rapidement à l’action et d’entrer tous ensemble de plain pied dans la campagne pour convaincre et entrainer nos concitoyens. Le CN du Parti de Gauche présente à cet effet ses propositions :
1) Nos listes devront être, aux premiers tours, autonomes et indépendantes aussi vis-à-vis du PS et d’Europe écologie.
2) Elles affirmeront que leur but est de réunir une majorité autour d’elles et de leur programme. Elles s’engageront, en conséquence, à défendre ce programme, quoiqu’il advienne dans les futurs conseils régionaux. Elles chercheront à les mettre en œuvre partout où le rapport de forces le permettra. Bien sur cette ambition suppose que notre programme ne soit pas uniquement déclamatoire et propagandiste ! Nous proposerons une politique cohérente, applicable dans le champ de compétence légale des régions, changeant réellement la vie des citoyens, l’exercice de la démocratie et modifiant le rapport de force avec les mécanismes de l’économie capitaliste en région.
3) Nos listes s’engageront sans ambigüité sur le principe du rassemblement contre la droite au 2ème tour. C’est ce que nous nommerons des « fusions démocratiques ». elles s’opéreront autour de la liste arrivée en tête : la notre, celle d’Europe Écologie ou celle du PS. Nous demanderons solennellement le même engagement du PS et d’Europe Écologie.
4) En ce qui concerne la participation aux exécutifs nous serons également sans ambigüité. Nous voulons gouverner notre pays. Pourquoi ne voudrions-nous pas le faire en région ? Mais la participation aux exécutifs dans les cas où nous ne serons pas en tête de la gauche s’ envisage comme un moyen d’atteindre nos objectifs. Ce n’est donc ni « jamais », ni « toujours ». Notre participation est donc liée aux conditions qui la rendent possible. Il s’agit du contenu du programme de deuxième tour, et du rapport de force permettant de l’appliquer. Bien sur, cette hypothèse exclut toute participation du Modem ou d’une quelconque organisation de droite. En raison du rapport de force entre les trois listes de gauche qui se disputeront les suffrages, la situation au soir du premier tour sera sans doute complexe du fait de la présence d’Europe écologie et de listes régionales.. C’est pourquoi nous proposons de ne pas nous enfermer dans un vis-à-vis avec le seul PS. Nous proposons de juger au cas par cas et en tenant compte aussi du déroulement de la campagne nationale et régionale.
Nous voulons rappeler que tout commence par un point incontournable. Un préalable à l’accord national que le Parti de Gauche est disposé à conclure sur ces bases : les listes de rassemblement de l’autre gauche au premier tour des régionales doivent être clairement autonomes du PS et d’Europe Ecologie. Nous savons qu’au moment même où nous adoptons cette déclaration, le CN du PCF travaille son « offre » nationale pour les Régionales. Nous espérons qu’elle contiendra clairement cette affirmation. Ensemble, nous pourrons ainsi continuer à mettre la dynamique du Front de Gauche au service du rassemblement unitaire de toutes les forces qui n’ont pas renoncé à opposer une alternative à la logique du système capitaliste et des modèles productivistes. Ce sera notre propre offre dès la prochaine réunion du groupe de travail de toute l’autre gauche.
Source : le blog de jean-Luc