C'est un échec diplomatique mais Macartney réussit à remporter dans ses bagages suffisamment de plans de thé pour permettre quelques décennies plus tard aux possessions indiennes de la Couronne de briser le monopole chinois.
La suite est connue : le refus réitéré de la dynastie mandchoue d'ouvrir un tant soit peu aux « barbares européens » les portes du marché chinois sera à l'origine d'une série d'interventions étrangères armées qui plongeront l'Empire du Milieu dans un chaos tragique, prélude aux crimes de guerre nippons et aux atrocités maoïstes.
- Une bureaucratie instruite et cultivée veille au strict respect d'un centralisme autocratique principalement soucieux d'étouffer dans l'œuf toute initiative, locale ou non, qui pourrait perturber, fut-ce à la marge, l'ordre impérial.
- Entrepreneurs et marchands sont ouvertement méprisés, taillables et corvéables à merci par l'administration et systématiquement suspectés de jouer le jeu de l'Etranger haï au seul profit de leurs intérêts particuliers.
- L'Etat accroît sans cesse les « prélèvements obligatoires » sur une masse de producteurs essentiellement ruraux qui reçoivent en échange des « services publics » d'une qualité toujours plus faible, notamment en termes de sécurité locale, d'irrigation ou de protection contre les inondations.
- Sciences et technologies n'évoluent plus depuis des lustres et affichent désormais un retard affligeant par rapport à l'Occident, ce dont refuse contre toute évidence de convenir la camarilla lettrée des mandarins qui peuplent la haute fonction publique chinoise.
- Un projet politique qui pourrait se résumer à la seule affirmation d'une spécificité culturelle qui conférerait à la Chine millénaire un statut particulier auquel les autres nations ne sauraient prétendre sans être taxées d'arrogance barbare.
- Une haute fonction publique, aussi instruite qu'intellectuellement brillante, souvent soupçonnée de bloquer, consciemment ou non, toute tentative de réforme de fond d'une sphère publique centraliste et omniprésente via une bureaucratie toujours aussi pléthorique.
- Des finances publiques dans le très piteux état qu'atteste une dette supérieure à 1 400 milliards d'Euros, malgré une pression fiscale qui ne cesse de s'accroître, sur le commerce de la (vraie) galette-saucisse comme sur le reste de l’économie productive
- Des services publics délivrant des prestations d'une qualité de plus en plus discutée, à commencer par l'enseignement dont les performances relatives se dégradent régulièrement en dépit de dépenses « per capita enseignée » en constante augmentation.
Le dernier avatar de ce formidable conservatisme national est la résistance des élus locaux, de toutes obédiences semble-t-il, à la réforme annoncée des collectivités locales qui, depuis des décennies, participent plus à l’hypertrophie de la sphère publique et à l’immobilisme de la République qu’à la promotion de la subsidiarité au service des citoyens.
Si Sarko parvient à la faire passer il pourra vraiment se vanter d’avoir réaliser une vraie rupture avec l’immobilisme de ses prédécesseurs…