"Le gouvernement français a eu le courage de soumettre la ratification de la Constitution à référendum.
En tant qu'Allemand à qui la pusillanimité de son personnel politique a fait perdre toute illusion, j'envie la France.
Cette République française a encore au moins conscience des critères démocratiques qui font sa tradition et en deça desquels il convient de ne pas tomber [...] Les expressions de la volonté
démocratique de la semaine dernière ne peuvent être éludées d'un revers de main hautain, ni stigmatisées comme comme pathologie.
Et il est tout aussi déplacé de s'en prendre aux plébiscites de manière générale. Les scrutins populaires sont un correctif salutaire, sinon nécesaire, face à des exécutifs qui attendent
placidement l'alternance.
Dans la mesure où ils se sentaient sous-représentés, les électeurs avaient une bonne raison de s'opposer à Bruxelles, un régime sans opposition."
Jürgen Habermas, Sur l'Europe, Bayard, 2006
Il y a encore des partisans de l'Union européenne qui savent ce qu'implique la démocratie.
Je ne trouve le débat sur l'Europe intéressant qu'avec des partisans de l'Union qui ont au moins le même niveau de conscience démocratique que Habermas, qui ne réduisent pas les détracteurs de
la construction européenne à des imbéciles. Force est de constater qu'il y en a peu (à commencer par le traducteur de Habermas, Christian Bouchindhomme, qui, dans un texte de conclusion, a du
mal à se situer à un niveau de réflexion équivalent, et en reste aux jérémiades contre les méchants nonistes).