De la terre au ciel
Depuis des années, j’écoute Jack Dejohnette, avec Miles Davis, John Surman, Keith Jarett, Charles Lloyd, Dave Holland, Abbey Lincoln, John Coltrane… en disques. Et il était là, au centre de la scène, au cœur de sa batterie, au cœur de son quintet, lundi 16 novembre à Saint-Orens. Avec lui John Surman, figure du saxophone au son incomparable, dont je ne me lasse jamais. La salle était d’ailleurs archi pleine. Des voix ont aussitôt rempli l’espace, celle de Marlui Miranda accompagnée de sa petite guitare brésilienne, puis de tous les musiciens, permanence de sons sur laquelle les instruments ont pris place. La musique, sous une forme répétitive, a tourné sans cesse autour de son centre, Jack Dejohnette. La batterie participait aux mélodies, aux mélopées. La chanteuse brésilienne Marlui Miranda, spécialiste des musiques des Indiens de l’Amazonie, en ôtant ses chaussures a ancré dans le sol les chants incantatoires, matière première de tout le travail de composition de Ripple Effect. Les morceaux ont glissé imperceptiblement de la mélopée « ethnique » à un jazz plein, puissant et nourri des sonorités singulières de John Surman, des incantations des Indiens du Brésil aux chants africains (avec l’extraordinaire Jerome Harris à la basse et aux chants), de la terre à une musique planante (qui rappelait les Pink Floyd ou les compositions de John Surman). Si l’incantation fut en partie le fil conducteur, elle prit de multiples formes : cantique en français entonné par Marlui Miranda, qui a glissé vers le jazz, la musique répétitive planante et les sons électroniques ou rap explosif scandé par Ben Surman. Les mélodies ont tourné d’instruments en instruments, de voix en voix, chacune riche de surprises, véhiculée par un son parfait et une imagination puissante. On s’est pris à rêver, à imaginer une nature puissante et sauvage, à des pays inhabités. Pas de repos dans ce concert généreux dont les flots sonores me portent encore.
Merci à jazz sur son 31 de permettre ces instants de magie.
Marie-Françoise
Jack Dejohnette, batterie, voix
Marlui Miranda, voix, instruments indiens
John Surman, saxophones, clarinette, clavier et autres flûtes
Jerome Harris, basse, voix
Ben Surman, electronica, claviers