Le cinéma de notre temps permet tout et n’importe quoi. La marge de manoeuvre des producteurs (les seuls décideurs en fait devant l’éternel) est immense. Faire revenir un personnage d’outre tombe et gratifier le public d’un nouvel opus d’une saga ne pose pas de problèmes métaphysiques à cette famille du 7ème art.
Que vous habitiez ici ou là de part le monde n’est plus si innocent que cela. Le "cut" d’un long métrage peut varier d’un continent à l’autre.
En 2005 "The Descent" mis en scène par le brillant Neil Marshall a glacé les spectateurs d’effroi. Je ne suis pas facilement impressionnable mais en regardant le long métrage j’ai eu le trouillomètre à zéro. C’est l’une des dernières œuvres qui m’a vraiment foutu la pétoche.
A la fin la version européenne le personnage de Sarah (Shauna Macdonald) reste coincé dans les profondeurs de la terre avec les monstrueux crawlers après avoir rêvé à sa délivrance.
Les américains ont eu le droit à un final nettement différent. La sortie de Sarah n’étant plus un rêve mais bien réelle.
"The Descent" a glané de nombreux prix et s’est surtout révélé très lucratif en termes d’exploitation. La question d’une suite cinématographique est revenue sur le tapis dès 2007.
Mais quid du final européen ?
La solution la plus a été tout simplement de le gommer et d’imaginer un second chapitre en redémarrant l’histoire à la sortie de Sarah des enfers.
Sarah émerge seule des grottes des Appalaches. Une expédition de secours est montée à la hâte car les autorités pensent que les cinq autres jeunes femmes spéléologues sont encore en vie. Sarah, traumatisée et meurtrie, doit à nouveau prendre le chemin du gouffre pour servir de guide.
L’horreur peut à nouveau commencer.
Le long métrage s’inscrit à la fois dans la continuité du premier opus et dans la rupture. Jon Arris, promu metteur en scène de ce "The Descent : Part 2" avait déjà officié comme monteur sur le premier (mais également sur les excellents "Eden Lake" et "Layer Cake") et Neil Marshall garde la main en tant que producteur exécutif.
Cependant "The Descent : Part 2" est loin d’être une copie, une pâle imitation. Le long métrage a sa propre originalité, un dynamisme que Jon Arris arrive à mettre en place avec beaucoup de savoir faire.
Ce second film a un handicap de poids dans l’absolu. L’effet de surprise ne joue plus. Nous savons que les crawlers existent. L’art du metteur en scène est d’intégrer ce postulat de départ et de nous gratifier de nouvelles péripéties. C’est en cela que ce long métrage est très réussi et qu’il est exact au rendez vous. Il trace son propre sillon et se révèle bien flippant à de nombreuses reprises.
L’histoire prend vraiment aux tripes pendant 1h40. Le déroulement va à l’essentiel. Le scénario ne se tortille pas dans tous les sens avec des développements inintéressants : en moins de 24 heures Sarah replonge dans un cauchemar absolument effrayant.
Comme à chaque fois avec ce genre de films, Jon Harris arrive à jouer avec notre peur millénaire des espaces exigus voire carrément fermés, de l’angoissante obscurité. Les jeux d’ombre et de lumière sont au cœur du long métrage. Dans le film chaque interstice dans la pénombre peut voir surgir des êtres ignobles à la recherche de chair fraîche, chaque espace entre deux roches est un piège potentiel.
Le spectateur est témoin de la lente et besogneuse descente des personnages dans cet enfer de noirceur et de silence. La pression est réellement palpable et l’angoisse se fait jour au fil des minutes. L’attaque des crawlers est inéluctable. Seule la question du moment de cette agression nous prend aux tripes.
La première partie du long métrage fait monter la tension de manière progressive alors que dans un second temps nous avons le droit à un déchaînement de violence et de sang.
Jon Harris utilise une technique aussi vieille que le cinéma mais qui fonctionne
avec toujours autant d’efficacité : il nous donne de l’espoir. Quand nous pensons qu’un personnage semble être sauvé, l’herbe nous est coupée sous le pied dans la seconde qui
suit.
Cruel metteur en scène !!! L’effet est immédiat et garanti.
"The Descent : Part 2" est un long métrage gore qui se respecte et les effets sont plus que réussis. Les combats entre les humains et ces créatures difformes sont d’une violence incroyable. La lutte est bestiale, âpre, rude et rugueuse. Le spectateur a envie de prendre un piolet et d’éclater la tête d’un crawler.
Sur le plan technique l’autre indéniable réussite du long métrage, à part le film dans sa globalité, est l’apparence des créatures qui a sensiblement évolué. La morphologie a gagné en précisions (plus de cicatrices, de déformations faciales). La finesse des maquillages a pour conséquence de nous proposer des crawlers nettement plus effrayants et plus féroces aussi.
Côté acteur, Shauna Macdonald est toujours aussi impressionnante dans son emploi de survival woman. Je vous ferai grâce de vous révéler le nom du personnage qui fait un étonnant come back ici mais sachez que ce développement scénaristique donne un élan nouveau au long métrage dans un final parfaitement maîtrisé.
"The Descent : Part 2" est une très bonne surprise. Un long métrage dynamique, original et angoissant. Un film où le sang coule à flots et qui réveille, comme son digne prédécesseur, des peurs profondément enfouies.
Je me suis vraiment régalé à me faire peur.
Et ces profondeurs sont loin d’avoir révélé tous leurs secrets.