Politico-médiatique

Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, s’est livré ces derniers jours à de vigoureuses diatribes contre les médias. On a ainsi pu l’entendre déclarer sur RTL : « le monde politico-médiatique qui cherche par tous les moyens à détruire le Président de la République ». A ma connaissance, personne n’a encore tenté d’attenter à la vie de Nicolas Sarkozy. Certains ont pu relever, dans ses propos ou ses actes, ce qui menaçait son image mais il ne tient qu’à lui de se montrer digne de la confiance que lui ont témoignée les Français.

Autre déclaration de ce porte-boue : « les médias considèrent chaque matin qu’il faut trouver le sujet pour déstabiliser le Président de la République » et, variante dans un point de presse hebdomadaire : « c’est la meilleure réponse aux vilenies quotidiennes, depuis un certain nombre de semaines, qui sont propagées à la fois par l’opposition et surtout par un certain nombre de journalistes, qui n’ont qu’une idée en tête, faire trébucher le Président de la République ». Décidément, voilà l’équilibre de Nicolas Sarkozy fortement compromis.

Encore une fois, comme il est notre élu, il nous doit des comptes. La presse est donc dans son rôle quand, au lieu de l’encenser servilement, elle relève des faits indignes du Président qu’il se proposait d’être dans son angélique discours de Tours, le 10 avril 2007. Il dit que les uns commentent alors que lui agit. Eh bien, à lui de ne pas mettre en contradiction ses paroles et ses actes. Faire l’apologie du mérite, des études et célébrer la fin des privilèges de la naissance au moment même où le pays s’indigne de le voir céder au népotisme, il n’est point besoin de journalistes pour le faire vaciller. Comme dirait un journaliste américain, il s’est tiré une balle dans le pied tout seul.

Qu’est donc ce monde politico-médiatique vilipendé par M. Lefebvre ? C’est un monde où se mêlent les médias et la politique. Les médias en font partie lorsqu’ils rapportent, et commentent, les événements, les écrits, les dits, les faits politiques. Mais les hommes politiques, lorsqu’ils utilisent à satiété ces mêmes médias, pour magnifier, à défaut de résultats, leurs actions, appartiennent à la même sphère. Et ils n’hésitent pas à utiliser le cache-sexe de la vie privée (sexe parfois mal dissimulé) pour fortifier leur image. Si ce monde politico-médiatique est à ce point perverti, que viennent-ils donc y faire ? En fait, notre garde-boue Frédéric n’accepte que les louanges. Les critiques sont nécessairement inspirées par la méchanceté et sans fondement.

Dernière remarque, pour aujourd’hui. Comment se fait-il qu’un simple élu de Conseil général, génial certes, mais sans soutien particulier, sans études brillantes, après deux ans d’un mandat électif obtenu avec l’appui de quelques bonnes fées, fils de personne, et surtout pas d’un Président de la République, se soit vu accorder dix minutes d’antenne sur une chaîne de télévision nationale pour venir expliquer pourquoi il renonçait à une candidature injustifiable ?

Triste monde, où un quidam peut utiliser la sphère politico-médiatique pour miner l’action de notre Président bien-aimé !