Navrante coïncidence : le 22 avril 2007, date de la première lecture imposée par Nicolas Sarkozy de la lettre de Guy Môquet, 66 ans après son exécution, dans tous les lycées de France, est également la date de l'entrée au gouvernement de Bernard Laporte qui avait galvaudé la dernière lettre du jeune résistant en la faisant lire à ses joueurs (croyant ainsi plaire au chef de l'Etat) avant leur déroute prémonitoire lors du match d'ouverture de la coupe du Monde de rugby.
On peut évidement polémiquer à la l'infini et s'interroger sur le fait de savoir si le président de la République est un tant soit peu sincère dans cette affaire ou bien s'il ne s'agit que d'une vulgaire récupération (une de plus) de sa part. On peut évidement se demander s'il faut rire ou pleurer du fait que le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, arrive à faire le panégyrique de Guy Môquet sans jamais une seule fois faire allusion à son engagement communiste. On peut évidement trouver pathétique que Marie-George Buffet essaie de faire de Guy Môquet un symbole du combat contre... Nicolas Sarkozy en assurant sans rire : "aujourd'hui il y a besoin de résistance encore, bien sûr ce n'est pas la même chose: résistance face à une politique qui casse les droits sociaux, résistance face à une politique qui chasse les enfants parce que leurs papas et leurs mamans sont venus d'autres pays, résistance par rapport à une politique qui veut encore renforcer les pouvoirs d'un seul homme à la tête de l'Etat". Mais la moindre des choses est de respecter la mémoire de cet adolescent mort pour son idéal, la liberté. Le sacrifice de Guy Moquet mérite tellement mieux que le nauséabond racolage politicien actuel...
De son côté, Bernard Laporte quitte la direction du XV de France sur deux défaites sans gloire pour devenir secrétaire d'Etat aux Sports sous l'autorité de Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé et de la Jeunesse et des Sports. Et même si Nicolas Sarkozy a juridiquement raison de mettre en avant la "présomption d'innocence" pour tenter de défendre son ami (sous) ministre, ex sportif, ex tenancier de casino, ex gérant de société, ex vendeur de "jambon star", ex propriétaire de camping, il y a des chances qu'à défaut d'en finir ministre, Bernard Laporte finisse à la Santé...
Guy Môquet contre Bernard Laporte... décidément on a les héros qu'on mérite.