Une main invisible a déposé "Les Platters" sur une platine ancienne pour une femme diamant disparue. Il tangue et il titube, tenant dans ses bras un fantôme encore chaud. L' appartement vide de meubles dans sa nouvelle solitude et son ancienne obscurité revenue sent déjà la froidure prochaine. Il incline la tête. Ses pas glissent au tempo lent du dernier slow.Dans la nuit, une étoile filante passe que des milliards d'yeux ne voient pas. Juste pour l'éclairer un petit peu lui, car les autres passagers de la petite boule bleue qui tourne autour de la grande brillante à 100 000 km/H sont devant la télé. Lui et l'étoile éternellement inaperçues.
Tout à l'heure, si tout va bien, il sera en Espagne. Il y est déjà, à vrai dire:
La sierra de Guara, le désert des Bardenas et des copains. Ambiance et paysage de Western où les VTT remplaceront les chevaux du coté de Nocito, San Urbez et Rodellar. Il se souvient de la falaise au dessus du canyon de Mescùn et dans une autre vie, l'arrivée à Bilbao sur la route du "Guggenheim" par la "plazza corazon del Jésus"et son "Corcovado" réplique de celui de Rio.
Au couchant il aperçoit un parhèlie*, le deuxième soleil qu'hier a cru voir Pline l'ancien sur le Bosphore. Combien y a-t-il de lui jusqu'au sol? cent, deux cent mètres? Il mime, les bras en croix dans un souvenir de piscine, le geste du "salto del angel" de l'homme de Rio. Les orteils dépassent de la roche comme jadis sur le plongeoir du grand bain pour ressentir cette délicieuse impression de rater une marche lorsqu'il donnait à son petit corps l'impulsion de l'envol.
Il relève le col de son blouson frissonnant de vent, de vertige et d'émotion.Tom B. Dunid est monté à l'envers: Il tente de reculer et fait un pas en avant en cherchant la fermeture éclair.Trop tard!Un souffle qui passe, surnaturel et mystérieux le précipite dans le précipice. L' accélération fantastique et le vent de la chute fait claquer sa peau. Il ouvre la bouche de surprise comme on ouvre un dérisoire parachute. En apnée et en apesanteur, la pomme vivante va dans quelques secondes valider les théories de Newton. Le sol est déjà là qui vient à sa rencontre en avance pour le rendez-vous avec le monde de l'en dessous. L'avenir, c'est maintenant.
Il met les mains jointes en avant par réflexe , l'air s'engouffre dans le blouson le déshabille et emporte le vêtement. Qu'importe, il parait qu'en enfer c'est assez bien chauffé.
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Il tangue et il titube, tenant dans ses bras un fantôme encore chaud.
A lundi!Peut-être.*illusion optique au féminin chez wikipédia au masculin ici