… métier d’autrefois en Morvan.
Dans un remarquable ouvrage “Yonne” aux éditions Bonneton , Pascal Dibie entre autres auteurs de cette équipe rédactionnelle, nous parle des métiers disparus dans notre département.
Le Morvan, réservoir de matières premières pour la capitale est bien connu entre autre pour l’organisation du flottage des bois sur les rivières Cure et Yonne. J’en ai largement parlé ici.
Les “Compagnons des rivières” se reconnaissaient à leur courte blouse en peau très rembourrée. Ils devaientconduire ces trains de bois à bon port. Ont les nommait parfois, “poules d’eau” ou sarcelles; ils étaient pourtant des gaillards résistants et téméraires et deux fois l’an affrontaient le rivière.
Le “petit flot” débutait vers le 15 novembre. On jetait à l’eau les “moulées”, bûches de 1.14m de long. La moulée était marquée en creux aux 2 extrémités afin d’être repérées et classées au port.
Les “lâchures” des petits ruisseaux (vannes) étaient ouvertes et les bûches ainsi marquées flottaient poussées par ce bruque afflux aqueux. Un énorme amas appelé “embâcle se formait. C’est alors que l’homme armé de son picot intervenait. L’opération était dangereuse et il n’était pas rare qu’il n’en ressorte “plein d’eau”. Les buches approchaient ainsi du confluent de l’Yonne ou de la Cure pour être récupérées dans un port après qu’on eut barré le passage. Tirées au picot sur la rive, triées, puis empilées à proximité du fleuve sur lequel elles devront repartir dans quelques mois.
En mars, on lâchait tout! Les bois accumulés sur les rives étaient jetés dans la Cure et dans l’Yonne pour le “grand flot”.
Toute la population valide et riveraine accourait : les hommes avec les picots pour le “tirage, les enfants et les femmes au triage ou “tricage” à partir des marques faites en automne, les anciens “montaient en éperon” c’est à dire assemblage des trains soumis à des règles strictes vérifiées par les hommes des eaux et forêts.
Les ports de triage sont encore remarquables aujourd’hui : à proximité de Lucy-sur-Yonne, d’Arcy pour la Cure. Les Settons, lac de plaisance de nos jours, avaient été créés afin de donner à la Cure un apport d’eau important.
Les trains de bois montés il fallait accorder les hommes et les flots pour passer les pertuis des moulins.
Ces immenses radeaux constitués (70 m de long et 4 de large atteindraient Paris à Saint Paul ou à Charenton en 4 ou 5 jours si “l’éclusée” était bonne!
Les compagnons de rivière qui recevaient 3 francs par jour en 1860 rentraient au pays par le coche d’eau jusqu’à Auxerre, mais le plus souvent à pied, en sabots, par étape de 50 kms, avec quelques sous en poche … parfois !