L’obligation de lire aux lycéens la lettre de Guy Môquet fut un des premiers et des plus beaux coups de Sarko en vue de déstabiliser idéologiquement la gauche en général, les derniers cocos en particulier. Question « triangulation » la directive restera sans nul doute dans les annales.
Tout ou presque a été dit et écrit à ce propos, y compris qu’il s’agit d’un superbe texte, y compris sur le rôle plutôt équivoque vis-à-vis des nazis que joua le Parti Communiste au début de la guerre, pour cause de pacte germano-soviétique notamment.
Reste qu’aujourd’hui l’effet politique et émotionnel s’est beaucoup émoussé et que, s’il est toujours louable d’attirer l’attention des jeunes sur un texte d’une telle qualité, il serait également utile de stimuler leur curiosité historique via la lecture solennelle d’autres lettres tout aussi fameuses, à défaut d’être aussi médiatisées que celle de Guy Môquet.
C’est dans cet esprit didactique et au nom de la concurrence épistolaire libre et non faussée, que « Restons Correct ! » suggère de laisser désormais le choix aux enseignants entre la lettre d’adieu de Guy Môquet à sa mère et celle de Charlotte Corday à son père. Le premier fut, on le sait, fusillé par les Allemands en octobre 1941, la seconde fut, on le sait moins, guillotinée par les jacobins en juillet 1793, à l’âge de presque 25 ans.
Faut dire aussi que cette jeune militante girondine avait fait fort en surinant dans sa propre baignoire le dénommé Marat, triste figure et idéologue dégénéré de la Terreur jacobine.
En gros, c'était un pote de ces bouchers célèbres que furent Danton et Robespierre qui, au nom du « salut public », ordonnèrent le génocide de près de 20 % de la population vendéenne et organisèrent ou couvrirent l’exécution sommaire de près de 40 000 de leurs infortunés concitoyens. Parmi eux une majorité de gens du peuple, parfois juste « coupables » de s’être tapé une (vraie) galette-saucisse en omettant de crier Vive la Nation !
La veille du simulacre de procès qui devait inéluctablement la conduire à l’échafaud révolutionnaire, la jeune Charlotte écrivit à son père, veuf depuis quelques années, une lettre concise, particulièrement digne et émouvante. C’est un autre superbe texte que nous reproduisons in extenso ci-dessous :
Pardonnez-moi, mon cher papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito, mais j’en ai reconnu l’impossibilité. J’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous auriez des défenseurs à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet : un tel attentat ne permet nulle défense, c’est pour la forme. Adieu, mon cher papa, je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur, ainsi que tous mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille :
Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud !
C’est demain à huit heures, qu’on me juge. Ce 16 juillet.
Elle fut guillotinée le 17 juillet…
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 19 juin à 14:26
Bonjour Voir la lettre de Charlote Corday à son père sur ebaY