Reynald Freudinger, jeune auteur né en 1979, je l'ai rencontré. C'est lui qui animait le débat sur les journaux intimes (voyez ici et ici), au Palais de Rumine (une Aire de liberté). Comme il a bien géré l'affaire et qu'on sentait dans la présentation et ses questions un homme sérieux, littéraire, avec cette étoffe riche que donne un rapport indispensable aux textes, j'ai lu son livre.
Il est en trois parties. La première est dense, intéressante. On se trouve dans une petite ville d'Urugay, plus précisément dans un quartier de prostitution. Le héros, appelé Le Gringo parce que né d'un Européen totalement inconnu par ailleurs, et pourvu de cheveux blonds grâce à son ascendance paternelle, noue une histoire d'amour avec une photographe de bonne famille qui shoote les graffitis. Elle s'installe avec lui. Dans ce quartier, ce n'est pas facile: la bourgeoise ne maîtrise pas les codes et passe pour la voleuse du jeune Esteban, chouchou des putains, sur qui une d'entre elles mettrait bien le grappin.
Deuxième partie: on se retrouve en Suisse. La narration change. Il s'agit ici de lettres, mails. De nouveaux personnages apparaissent. La réceptionniste du journal. Une journaliste qui se ballade en Amérique du Sud et publie des chroniques dont un jeune homme devient avide.
Autant le dire tout de suite: j'ai moins aimé cette partie. Il y a là-dedans un côté un peu exercice de style, et l'intrigue se fait filandreuse.
Mais tout se renoue par la suite. Troisième partie. De nouveau un bon moment. Les personnages se rencontrent, il y a une surprise finale, Reynald Freudinger attache ses pousses comme une gerbe et se paie le luxe d'unifier sa narration dans un effet final. Impeccable construction. Bravo.
Vous découvrirez tout ça. Car je vous conseille le roman. La mort du prince bleu. N'hésitez pas. Il est toujours passionnant de lire un jeune auteur qui promet.
Reynald Freudinger, La mort du prince bleu, L'Aire
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