Obama, un an et déjà si important !

Publié le 23 octobre 2009 par Delits

En histoire on dit souvent que ce qui fait les grands hommes c’est la rencontre de deux éléments : un homme et l’histoire avec un grand H. Les plus grands leaders, qu’ils soient hommes politiques ou guides religieux, se révèlent toujours dans l’adversité car leur existence vient apporter une réponse dans un contexte particulier. L’histoire a très souvent démontré que la rencontre de deux destinées (celle d’un homme et celle d’un peuple) permettait de sublimer l’action et les décisions de celui qui revêt les habits du messie. Tous les pays ont en commun ces instants de fragilité où la quête d’un sauveur – l’héritage religieux est ici manifeste – est perçue comme le dernier recours possible. Les Churchill, De Gaulle et Adenauer sont aujourd’hui les symboles d’une l’histoire récente qui s’est façonnée au rythme des actions de ces grand hommes.

Ce qui est intéressant dans cette réflexion c’est que ce statut n’est généralement attribué qu’à la disparition de ces hommes ; l’histoire permettant de valider l’hypothèse de la rencontre entre l’homme et son époque. En remettant au 44e président des Etats-Unis le prix Nobel de la paix vendredi 9 octobre, l’Académie des sages d’Oslo a encouragé plus qu’elle n’a récompensé le travail et l’engagement d’un homme. Certes, Barack Obama n’est pas le premier président américain à recevoir ce prix ; l’ancien président Jimmy Carter en 2002 et T.W. Wilson en 1919 avaient été honorés avant lui, mais ce geste hautement symbolique a de quoi jeter le trouble. Président de l’espoir face au terrorisme et à l’engagement américain au Moyen-Orient, il est devenu aux yeux de tous, l’élu providentiel qui réglera la crise, l’homme qui réconciliera l’Amérique avec le reste du monde et désormais celui qui doit œuvrer pour la paix des peuples. Cadeau empoisonné ou pas, cette distinction qui fait apparaître les limites de la politique, même pour Obama, qui va devoir maintenant jongler entre les espoirs que le monde a officiellement placé en lui et les réalités complexes de ses responsabilités nationales.

Au travers de nombreuses enquêtes, Délits d’Opinion révèle que le Président Obama s’est peu à peu « mondialisé »,. Président qui plait au monde surement plus qu’il ne convient à la population américaine, son implication sur les questions de politiques extérieures ont fait évoluer son statut de président des Etats-Unis à celui de leader mondial d’un monde qui doute.

Obama, icône mondialisée d’une Amérique plus ouverte

Alors qu’il a émergé sur la scène mondiale il y a tout juste deux ans, lorsqu’il affrontait Hillary Clinton pour devenir le candidat du parti démocrate à l’élection présidentielle américaine, Barack Obama a gravi les marches de la reconnaissance quatre à quatre si bien qu’il apparait aujourd’hui comme un leader au niveau mondial. Si l’on observe les enquêtes d’opinion depuis la chute du Mur de Berlin, seuls Jean-Paul II et Nelson Mandela ont pu rivaliser avec ce nouveau « citoyen monde» .

Sur tous les continents mais en France surtout, la popularité du Président Obama n’a jamais fait défaut. Ce qui est notable pour le leader politique d’une grande puissance et exceptionnel pour un président américain c’est que sa cote de popularité a tutoyé les sommets dans de nombreux pays amis et qu’elle s’est située à des niveaux très élevés dans certains pays plus réticents face aux Etats-Unis et à sa politique (58% d’opinions positives en Jordanie). On peut également relever que même dans certains pays comme l’Egypte où la cote de popularité du nouveau président se situe à 38%, les opinions défavorables ne dépassent jamais les opinions favorables.  Par ailleurs, plusieurs enquêtes ont mis en avant le différentiel qu’il existe entre la cote du président et celle du pays. Le fait qu’Obama devance son pays en popularité indique qu’il joue déjà un rôle de moteur pour l’image que véhiculent les Etats-Unis sur la scène internationale. Ce constat est d’ailleurs renforcé par la comparaison que l’institut Gallup opère entre Obama et ses prédécesseurs.

Sur le sol américain, sa popularité lors de sa prise de fonction était particulièrement importante et la diminution du taux de satisfaction à l’égard de sa politique telles que la mesure de l’institut Gallup convient d’être replacée dans un contexte particulièrement difficile où le président américain ne trouve pas de répit entre les conflits au Moyen Orient, en Afghanistan, la crise économique et les nombreuses mesures (souvent impopulaires) qu’il s’efforce de mettre en place comme la refonte du système de santé américain.

Obama, seul au monde ?

L’étude Harris Interactive réalisée au mois de mai 2009 fait état de cette popularité mondiale depuis son élection au mois de novembre 2008. En effet, la popularité du Président américain est plus importante dans les pays européens qu’elle ne l’est aux Etats-Unis (entre +4 points au Royaume-Uni et + 16 en Italie). L’ouverture vers les autres peuples que symbolise Obama est donc très bien perçue en Europe alors que depuis de nombreuses années le vieux continent et la jeune démocratie américaine semblaient s’éloigner chaque jour un peu plus, notamment au moment de l’invasion de l’Irak. Ces écarts s’expliquent par l’importante transition qu’ont perçu les Européens entre l’Amérique de Bush et celle que le nouveau président démocrate tente de reconstruire. Vu d’Europe, Obama sera l’homme qui permettra au fossé Atlantique de se combler et à l’Amérique de rayonner à nouveau.

Plus globalement, cette enquête révèle que le nouveau locataire de la Maison Blanche est le dirigeant le plus populaire dans le monde (78% d’opinions positives contre 70% au Dalaï Lama et 54% à Angela Merkel). L’autre élément remarquable de cette enquête s’avère être la perception de l’influence que peut avoir Barack Obama selon l’opinion mondiale. En effet, le sondage indique que depuis son élection il est la personnalité la plus influente au monde : 20 points devant Vladimir Poutine et 23 devant Angela Merkel !

Ces résultats démontrent qu’avec Obama, les Etats-Unis redeviennent le centre de gravité légitime d’un monde, certes multipolaire, mais où le président américain est considéré et écouté par les autres grandes puissances. Depuis son arrivée aux commandes de la première puissance économique mondiale, le Président doit répondre au premier défi qui s’est imposé à lui : crise financière et ses conséquences sur l’économie mondiale en général et sur celle des Etats-Unis en particulier. Lorsque l’Ifop interrogea les Français sur les personnalités politiques qui sont le plus à même de relever les défis de demain, 72% déclaraient que B. Obama etait le mieux placé. Une nouvelle fois, ce qui ressort de ces résultats c’est l’ampleur de l’écart qui sépare le président Obama de son poursuivant direct, ici près de 50 points avec N. Sarkozy ; autant dire un gouffre.

Un président qui tient le cap dans son pays

Si la politique internationale ne soulève pas de critiques trop importantes dans le monde, la politique intérieure volontariste du nouveau président américain s’expose aux critiques. Pourtant, sa popularité demeure supérieure à 50% ce qui, dans le contexte actuel, est un signe fort du soutien dont il  bénéficie. Dans le détail, sur les quatre sujets majeurs du moment: éducation, économie, politique de santé et affaires internationales, son score est relativement bon sur ce dernier thème (53%).

Ces éléments témoignent de la véritable mondialisation de la présidence de Barack Obama qui de plus en plus émerge comme le leader, à défaut d’être le sauveur, que beaucoup recherchent. Pour expliquer ce phénomène il existe deux types de raisons. Tout d’abord, il y a le contexte mondial particulièrement fragilisant auquel on peut ajouter les conséquences de la campagne du candidat démocrate. En effet, même s’il ne se résume pas à cela, Obama a construit une marque et un symbole auquel beaucoup ont adhéré au fil des meetings et de la campagne (voir notre article sur la campagne d’Obama). Symbole de la méritocratie, de l’ouverture aux minorités, des jeunes, de la fidélité mais aussi du respect des autres cultures, il incarne cette Amérique que l’on se plait à admirer.

Ainsi, Obama est devenu l’égal d’Apple, de Coca-Cola et de Google (toutes des enseignes américaines d’ailleurs) ; une marque mondiale qui s’est – presque – affranchie de sa nationalité d’origine. En offrant au président américain de nouvelles récompenses et donc de nouvelles responsabilités, la population mondiale contraint peu à peu les américains à  faire don au monde du mandat de leur président ;  ou peut-être est-ce Obama lui-même qui a décidé de consacrer son premier mandat à … sauver le monde ?