La technologie fait des miracles. De stupidité. Quand on parle d'un logiciel de détection de plagiat, ses applications visaient des étudiants qui font du copier-coller, pas vraiment des dramaturges comme William Shakespeare. Mais ne jetons pas la pierre trop vite à ce logiciel, parce qu'il vient également de résoudre le problème de paternité d'une pièce, The Reign of Edward III. Plusieurs morceaux ressemblaient particulièrement au style du poète, mais les experts se disputaient farouchement pour savoir si elle était bien de la main de Shakespeare.
Le professeur de littérature Sir Brian Vickers, officiant à l'université de Londres, a expliqué que le logiciel de détection de plagiat (nommé Pl@giarism) a été utilisé pour confronter les écrits authentifiés de Shakespeare avec le texte de The Reign of Edward III. Près de 200 chaînes de trois ou quatre mots ressemblant aux précédents textes du dramaturge. « Avec cette méthode, on démasque la manière dont les auteurs utilisent et réutilisent les mêmes phrases et métaphores, comme les morceaux d'un patchwork », explique le prof.
Parmi les morceaux détectés comme appartenant à la poésie shakespearienne, « come in person hither, » « pale queene of night, » « thou art thy selfe, » « author of my blood » ou encore « lilies that fester smell far worse than weeds », rapporte The Time. D'autres concordances se retrouvent, quoique moins pertinentes. Mais on en atteste : la pièce est bien de Shakespeare.
Mais pourquoi ces doutes ? Simplement parce que dans l'histoire de la littérature, on sait que dans cette période, les théâtres avaient recours à des imitations, mais également à des morceaux de pièces, présentées et écrites rapidement, pour garder l'attention du public. Dans le cas d'Edward III, on remarquait certaines incohérences, malgré la valeur de la pièce, présentant des défauts de continuité. Shakespeare a probablement écrit quelques morceaux puis remit sa copie définitive quelques mois plus tard.
Reste donc que Pl@giarism pourrait apporter de nouvelles réponses à l'avenir pour l'authentification de textes, toujours en bonne entente avec l'intelligence humaine. Simplement, aujourd'hui, l'ordinateur a déterminé que des morceaux se retrouvaient, mais que la métrique concordait, ni que la prosodie appartenait au poète. Mais il semble que les chercheurs aient enfin trouvé un outil qui facilite leur travail.