La Génération M de M. Khodorkovski

Publié le 22 octobre 2009 par Aurialie

Hier, comme Marie Jégo, j'ai lu l'article de Mikhaïl Khodorkovski, paru dans Vedomosti, écrit en réponse à l'intervention de Medvedev intitulée "Russie en avant !", publiée il y a 6 semaines dans Gazeta.ru. La correspondante du Monde a bien traduit les critiques adressées à Medvedev, qui sont d'ailleurs assez bien tournées : "Le chef de l'Etat joue son rôle classique de bon policier dans une pièce intitulée La Tandémocratie russe" [mot valise formé de "tandem" -du fait du duo Medvedev/Poutine- et de "démocratie"] ; "La fameuse verticale du pouvoir n'est absolument pas efficace" ; "Un espace aussi grand, compliqué et varié que la Russie ne peut être géré au moyen de mécanismes archaïques qui ne fonctionnent même pas dans les limites du boulevard périphérique de la capitale".

Ce qui est étonnant par contre, c'est qu'elle ne fait pas référence au titre de l'article de Khodorkovski qui est assez évocateur : "Modernisation : Génération M". L'ancien patron de Ioukos, actuellement poursuivi pour fraude fiscale, conseille à Medvedev de créer en Russie une classe sociale de modernisateurs, ce qu'il appelle la "Génération M". Elle devrait compter au moins deux millions de personnes et être composée d'inventeurs, scientifiques, ingénieurs, jeunes spécialistes et intellectuels humanistes, y compris des professeurs et des journalistes.

M. Khodorkovski est sûr que les représentants de la "Génération М" seront particulièrement performants, puisque pour eux la modernisation, à laquelle le président faisait référence dans son article, n'est pas "une campagne fictive venue du haut, mais une question de survie". Mais Khodorkovski souligne que la "Génération М" ne pourra pas être acteur de la modernisation du pays, si elle n'est pas accompagnée de réformes politiques. Il rajoute que "la bureaucratie corrompue" empêche la modernisation" et qu'"il est organiquement nécessaire d'avoir des instituts d'État démocratique qui fonctionnent et une société civile efficace".

L'attaché de presse de Medvedev, Natalia Timakova, a déclaré aux journalistes que Dmitri Medvedev avait pris connaissance des propositions de Khodorkovski, et "qu'elles ont provoqué une large discussion". Alors, est-ce un "véritable défi au président russe Dmitri Medvedev qu'a lancé, de sa cellule, mercredi 21 octobre, l'ex-patron de la société pétrolière Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski", comme l'écrit Marie Jego ou bien seulement l'expression d'un citoyen (pas tout à fait ordinaire), qui a souhaité exposer ses opinions sur les propositions de son président dans la presse ?

Image : Cet article sur Khodorkovski me permet de mettre ce dessin de Eya Ozerova, un des lauréats du concours Dessinons un procès ("Рисуем суд")