Le réchauffement climatique porte-t-il préjudice aux vins français ? C'était le thème de Service public, sur France Inter, ce matin, qui abordait la qualité, de plus en plus contestée, des AOC (Appellation d'origine contrôlée).
Claude-Marie Vadrot, un de mes collègues spécialiste des questions environnementales, prétend dans un article publié cette semaine, dans Politis, qu'on met de l'eau dans certains crus (on dit "mouiller le vin"), selon le témoignage de certains vignerons. Pour lui, et pour faire court, certains vins de Bordeaux et de Bourgogne ont changé de profil et ne correspondent plus au cahier des charges de leurs AOC (raccourcissement de la période de maturation du raisin, vin plus tannique, plus concentré en alcool…). Les vins de Touraine, eux, seraient plutôt favorisés par le réchauffement climatique (ouf !).
Autant vous dire que tout le monde n'est pas d'accord sur ce sujet brûlant (je vous conseille de podcaster l'émission pour en savoir plus). Selon un autre intervenant, la baisse des rendements et les changements dans le travail de la vigne, depuis les années 1970, jouent aussi un rôle dans l'évolution du profil des vins, globalement plus concentrés en alcool.
Contrairement à des pays comme l'Australie, où le vin est dominé par quatre firmes, 140 000 personnes produisent du raisin pour le vin en France, ce qui est déjà un gage de diversité. Autre spécificité hexagonale, notre façon de définir les vins en fonction d'un terroir et non d'un cépage, comme c'est le cas dans les autres pays producteurs. Et de citer l'Alsace, l'exception qui confirme la règle avec ses vins de cépage : riesling, gewurztraminer… Au Chili ou en Argentine, qui cultivent certains de nos cépages par grande chaleur, les vignes sont recouvertes d'un filet pour les protéger du soleil et l'on désalcoolise le vin, choses interdites en France. Bref, un débat passionné sur un sujet sulfureux !
Photo : Un cep de vigne à Paris, photographié en juillet dernier. Destin tragique… pour une liane frileuse de nature !