du côté du MAC

Publié le 23 septembre 2009 par Lironjeremy

Une visite un peu mole en somme, sans passion et sans surprise, sans grandes révélations. Des petites choses relevées ça et là néanmoins dans les étages de la Sucrière comme je l’ai déjà dit. Mon ennui a été plus sérieux à la visite du MAC, musée que je trouve peu performant, rare étant les expositions vues qui m’aient marqué. (Jean-Luc Mylayne ! Alan Vega !)

De l’extérieur tout d’abord on remarque que le musée a été coiffé d’un pavillon chinois doré tout à fait à propos puisque nous sommes dans le parc de la Tête d’Or. On peut imaginer que la fameuse tête de la légende qui a donné son nom au parc se soit trouvée changée en pagode : la forme change mais l’or demeure.

Ensuite, en lieu et place de l’habituelle Cabane de Ben est présenté une vidéo de Sylvie Blocher un peu mièvre et naïve : un jeune homme maquillé mi noir, mi blanc chante une complainte pro Obama en s’accompagnant de guitare sur un fon de tapisserie Mickey Mouse. « Les appartenances façonnent les comportements et nous sommes tous les acteurs de collectivités auxquelles nous appartenons ».

Comme le remarquait Anne Malherbes dans un commentaire, étonnant de retrouver aujourd’hui « ces discours calqués sur la sociologie de la fin des années 1960, et qui ne sont compréhensibles aujourd'hui que par les cerveaux formatés de la même manière que le cerveau dont ils sont issus. », « Certaines, en effet, sont la trace d'expérimentations et de réflexions qui ont sans doute passionné leurs auteurs mais qui ne laissent pas beaucoup de saveur dans la bouche pour ceux qui viennent ensuite. ». Très peu sensible à l’esthétique relationnelle, je trouve que l’art dans ce domaine s’est souvent tenu en retard et en dessous de la sociologie ne faisant paradoxalement que vulgariser dans des formes hermétiques des questions plus complexes et plus délicates à manier qu’on le croit. Ainsi, le projet de l’Ecole du Magasin reste opaque et « penseur », peu convaincant.

Dans la salle d’à côté, une vidéo montre comme un ponton installé l’été dans le lac de Miribel Jonage en banlieue de Lyon est alors sans surprise investi par les baigneurs. Le seul intérêt de la chose est que la caméra, voyeuse discrète, enregistre ces moments simples de vie. Les effets sont oubliés à la faveur d’un simple et salutaire regard posé sur le monde.

On traverse sans grand plaisir ensuite ses salles encombrées de moniteurs vidéo recevant la parole de diverses personnes interrogées au sujet de la démocratie : tous les poncifs et les lieux-communs y passent. La forme, surtout, est tout à fait convenue.

Plus loin, les livrées et instruments de parade militaire que l’on apprend être ceux de la garde royale du sultanat d’Indonésie aujourd’hui disparu sont animés sporadiquement par de petites mécaniques d’automates comme « une armée fantôme défilerait sans avancer d’un pouce ».

On peut retrouver non loin un autre travail de Robert Milin dont j’avais pu apprécier les enseignes à la Sucrière. Il s’agit de deux vidéos, les contrôleurs de la SNCF filmés pendant qu’ils prennent leur petit déjeuner et des éleveurs du Quercy mimant devant la caméra d’appeler leurs bêtes. Les gestes naturels sont raidis, abstraits, presque grotesques ainsi tirés du quotidien qui les soutient.

Je passe un peu des choses pour arriver au second étage occupé par une installation de Sarkis, un forum éclairage rouge, gaine de soufflerie, journaux au sol. (voir photo) Avant d’aborder le dernier étage, accueilli par une vidéo d’Alan Bulfin déjà vue à la Sucrière, filmée avec un téléphone et mimant un happy slapping burlesque. On se rappelle de quelques « gags vidéos » des Inconnus fonctionnant sur le même principe. Curieusement dans ce contexte d’exposition, cette légèreté de ton, pas tout à fait innocente pourtant, est assez agréable. Et puis je dois dire que la chose est réussie, mêlant humour noir et bricolage cinématographique, elle engage volontiers des rêveries diverses et réflexions sérieuses sur le médium et la société des images, sur les pratiques Internet, les relations du virtuel à la réalité. Alors, mine de rien, j’y vois une des pièces les plus intéressantes, et peut-être paradoxalement des plus subtiles de la biennale.

Ce qui n’est pas le cas du grand mur de Mounir Fatmi où des centaines de cassettes VHS bientôt tout à fait archaïques dégueulent du mur pour s’engouffrer dans plusieurs photocopieurs voraces. Confrontation de deux systèmes d’enregistrement usés et de calligraphies arabes projetées au mur sans réelle rencontre. Je trouve chez Fatmi toujours beaucoup d’effet, et l’exploitation formelle et récurrente de la VHS est généralement prétexte à un propos souvent confus et mince. Il n’y a pas que lui, je trouve trop souvent dans les expositions que les propos posés sur les formes que l’on voit ou lit sont tirés par les cheveux, artificiels. Beaucoup des pièces, ne s’expliquent ni ne touchent visuellement, et lorsque l’on essaie de les expliciter en énonçant le propos de l’artiste ou en lisant le cartel, il nous semble que nous perdons toute crédibilité. Ce qu’on est amené à dire est souvent un peu bête, bien naïf.

Non loin, une sculpture réceptacle à des dizaines de fleurs se pose dans la continuité des « events » de Fluxus, proposant aux visiteurs de prendre une fleur et de l’offrir sur son chemin de retour (Lee Mingwei). On avait fait ça aux Beaux-arts, récupérant les décorations laissées par une soirée privée pour les distribuer gratuitement dans la rue à des gens de passage. C’est comme du free hug. Ça fait du bien quand c’est naturel et impulsif, un peu fou. L’art a souvent cette manie, je le disais précédemment, de refaire de manière artificielle ce qui tient de la poésie ordinaire, de proposer une expérience appauvrie.

Sur le mur derrière, un dessin agrandi et transféré mêle vues illustratives d’Istambul et détails lyonnais. J’en ai fini pour le MAC.