Essai - 280 pages
Editions Fayard - avril 2006
Petit précis de mondialisation. Une enquête socio- économique romancée autour du coton, pris en filature par notre voyageur sur presque tous les continents. On s'arrête chez les producteurs de coton du Mali, d'Ouzbékistan, dans les énormes exploitations des Etats-Unis et du Brésil. On déplore une mer d'Aral asséchée pour ses besoins en irrigation, les réalités de l'industrie textile chinoise à Datang ou française dans les Vosges. On s'émerveille parfois pour l'excellent coton égyptien et ceux qui en parlent avec talent. On parcourt de nombreuses contrées en rencontrant des femmes et des hommes qui vivent pour et par le coton. Quelles sont leurs réalités quotidiennes, et leurs inquiétudes sur ce marché qui leur échappe ou qu'ils maîtrisent ?Il vaudrait mieux se fier au titre qu'au sous-titre. "Petit précis de mondialisation" c'est un peu ambitieux. A mon avis, ce livre est plutôt un carnet de voyage, de voyages sur les traces du commerce du coton. Des rencontres et des réflexions. Mais on est loin de comprendre tous les rouages économiques autour des cours du coton, ni les réels enjeux des cultures OGM (depuis 1954 existe le coton glandless muté par voie génétique pour être dépourvu de gossypol, facteur de toxicité)...
Extrait :Non, il ne s'en tient pas là. Avec les graines du coton, on extrait de l'huile (ça me rappelle des souvenirs ça...) pour l'alimentation humaine et des tourteaux riches en protéines pour le bétail. Autant de produits et de sous-produits, autant d'échanges sur le marché mondial.
"Le coton est le porc de la botanique : chez lui, tout est bon à prendre. Donc tout est pris. D'abord, on récupère le plus précieux : les fibres. Ce sont ces longs fils blancs, formant les flocons qui entourent les graines. Des machines vont les en séparer. Les fibres du coton sont douces, souples et pourtant solides. Elles résistent à l'eau et à l'humidité. Elles ne s'offusquent pas de nos transpirations. Sans grogner, elles acceptent d'être mille fois lavées, mille et une fois repassées. Elles prennent comme personne la teinture, et la gardent... La longue liste de ces qualités a découragé les matières naturelles concurrentes, animales et végétales. La laine et le lin ne représentent plus rien. Si la fibre synthétique domine le marché du textile (soixante pour cent), le coton résiste (quarante pour cent). Et c'est ainsi que le coton vêt l'espèce humaine. Il ne s'en tient pas là."
De gauche à droite : 1. Capsule de coton ouverte - 2. Collecte du coton, l'"or blanc" -
3. Coupe de la graine de Coton (Gossypium)
Sur la forme, entre le récit documentaire et l'écriture un peu lyrique parfois d'Erik Orsenna, je suis un peu déçue. On est loin du réalisme et de l'écriture délicieuse de Madame Bâ, son précédent roman que j'avais beaucoup aimé.
Un livre tout de même intéressant, un récit de voyage pour apprendre et réfléchir un peu.
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