Quand la lumière du Mexique vient du Japon. Ou presque. Combinaison gagnante d’une histoire produite par les premiers, et réalisé par un japonais-suédois établi aux Etats-Unis, Sin Nombre nous raconte l’éternel histoire d’une immigration illégale entretenue et rackettée par les gangs. Rien d’original, mais une efficacité redoutable pour un semi-road trip en train du Sud au Nord du Mexique. Ou revisiter ce qui a été fait d’un œil neuf.
Récompensé à Deauville, le film de Cary Joji Fukunaga fait parler de lui.. par son réalisateur. Il est vrai que son film, contant la traversée du Mexique par une jeune fille un peu perdue, et un membre des gangs ultra-violents en quête de rédemption, ne brille pas par son originalité. Tout au plus il mixe plusieurs films déjà vus, entre la Cité de Dieu pour les gangs et la violence, et quelques indés américains pour le sort des réfugiés. Mais on est agréablement surpris par la mise en scène, qui se concentre sur l’humain et la rencontre entre ses deux personnalités fragiles. Elle, suivant sa famille dans cette dangereuse tentative d’entrer aux Etats Unis. Lui, amoureux transi qui finit par tuer l’assassin de sa fiancée, un chef de gang, et prend la fuite en sachant qu’il est en sursis, pourchassé par ses anciens amis. Réfugiés sur le toit d’un train remontant vers le Texas, ils vont s’entraider (protection, nourriture..) sans pour autant sombrer dans le mélo quotidien. Pas de faux sentiments ici, le réalisateur nous raconte une jolie histoire qui doit se terminer comme elle a commencé, dans une tragédie moderne inéductable.
Car finalement Sin Nombre nous raconte ce qui se passe avant tout autre histoire. Ce que vivent les migrants avant d’arriver à la frontière américaine, ce qu’ils doivent affronter. En dehors de la police, des contrôles aux frontières, de la faim et du froid. L’interaction avec les gangs se fait sur le chemin, et fait décoller le récit des bidonvilles immenses pour suivre ces personnages à bord du train. Une deuxième partie assez rapide, où les deux personnages principaux apprennent à se faire confiance, et tentent d’échapper au gang lancé au trousse de Willi. Au final, un complément à ses références, Sin Nombre marche avant par la fluidité du récit et le récit assez sobre des faits, qui se limite à son histoire sans chercher de leçons quelconques ou de vérités (même s’il égratigne un peu tout ce système de gangs et la pauvreté évidente des quartiers défavoriés d’Amérique Centrale). Un beau film qui annonce une future carrière pour ce jeune cinéaste, ici produit par Gael Garcia Bernal. Un nom que l’on connait.