Maarten Hesselt van Dinter est l’auteur d’Histoire illustrée du Tatouage à travers le monde (Editions Désiris, 2007). Il aura fallu huit ans de recherche et de voyage à travers le monde à l’auteur pour découvrir l’histoire, les pratiques, les styles de tatouage des différentes parties du globe. Il nous entraîne dans un voyage superbe et aboutit. Celui d’un art indélébile marqué à l’encre.
Maarten Hesselt van Dinter a beaucoup voyagé pour réaliser cet ouvrage, en donnant de sa personne et en émettant la volonté de représenter chaque culture rencontrée. Des cultures singulières aussi intéressantes les unes comme les autres. Nous prendrons le parti de nous attacher plus particulièrement aux chapitres consacrés à l’Asie (nous ne sommes pas Made in Asie pour rien). Ce qui frappe avant tout durant la découverte de cet art (toutes nationalités confondues), ce sont les similitudes de tatouages d’une région à l’autre de la planète. Des similitudes que l’auteur n’a pu réussir à toutes expliquées et il est amusant de le lire à ce sujet dans sa Préface qui associe également les remerciements comme un mystère qui le hantera jusqu’à ses derniers jours.
L’auteur divise alors l’Asie en quatre chapitres. Il commence par la Chine et le Japon, puis vient le chapitre consacré à l’Asie du sud-est. L’Indonésie a un chapitre à elle seule ainsi que l’Inde, qui clôture ce tour d’horizon. Maarten Hesselt van Dinter parle alors du tatouage à travers un inventaire étoffé, entre héritage culturel et rôle dans les sociétés où il est pratiqué. L’auteur parle de ses origines, de son rôle, du rapport à l’acte pour les individus qui donnent et reçoivent les tatouages. Un rapport de l’ordre de la superstition, du marquage simple (esclave, caste,…) mais aussi des influences au cours des siècles et notamment de son évolution au contact des colonisateurs.
On apprend ainsi qu’en Chine comme au Japon, le tatouage comporte de nombreuses similitudes qui caractérisaient les ethnies qui vivaient en dehors du pouvoir central. En Chine, le tatouage servait notamment à marquer les soldats de l’armée à l’image des criminels et avait un caractère obligatoire. Au Japon, il fut notamment influencé et développé par les héros du Suikoden, roman traduit du chinois qui relatait l’histoire des « 108 héros de Liangshan ». On peut voir que les effets de mode étaient déjà de rigueur à cette époque. L’Asie du sud-est avec ses culottes tatouées en Birmanie, ses maîtres tatoueurs qui étaient prêtres ou moines bouddhistes ou encore ses tatouages protecteurs en Thaïlande. Les exemples sont nombreux à l’image des chasseurs de têtes taiwanais qui affichaient des tatouages sur le visage. Au Philippine où le tatouage facial s’inscrit comme indicateur de rang social. Le tatouage Indonésien quant à lui se caractérisait notamment par son lien étroit avec le sacrifice humain. Ainsi tout guerrier qui coupait la tête d’un ennemi pouvait recevoir un tatouage comme distinction de son courage. En Inde, outre la distinction des castes, le tatouage était effectué par les femmes des peuples nomades de la caste la plus basse comme les Tziganes.
Pour qui ? Les personnes qui s’intéressent au tatouage cela va de soit, mais aussi toute personne voulant approfondir sa culture générale pour tout ce que le tatouage incombe aux différentes cultures traitées. Le livre est intéressant et particulièrement bien fait, car concis. Ces belles illustrations permettent de s’arrêter sur des dessins d’époque ou des photographies et d’admirer cet art cent fois séculaire. Un véritable voyage dépaysant à travers le temps.
I.D.