Roman 300 pages
Edition Gallimard - 1999
Edition Folio poche - 2001
Prix Interallié 1999 (sous le titre "Les causes perdues")
En 1985, alors que la guerre civile fait rage en Ethiopie, un groupe d'humanitaires français débarque en Erythrée pour s'installer à Rama afin de porter secours aux victimes d'une invisible famine. C'est Hilarion Grigorian, un vieillard originaire d'Arménie et habitant Asmara depuis bien longtemps, qui est le narrateur de l'histoire. Enigmatique, il suit jour après jour les évènements qui se trament autour et au sein de la mission, grâce à son employé Kidane qui joue avec plaisir ce rôle de rapporteur et s'immisce dans la vie personnelle de Grégoire, le responsable des opérations humanitaires, d'Esther, aimée de ce dernier, ainsi que des autres membres de l'équipe. Querelles internes, passions intimes, manipulations politiques, rien ne lui échappe...Hilarion ne se livre pas beaucoup sur sa propre vie. Depuis Asmara, l'ancienne capitale coloniale italienne aux palais romains et aux villas toscanes, il ne peut imaginer qu'une famine est en cours sur les hauts plateaux. Mais il cherche à comprendre. Ancien commerçant d'armes, connaissant de nombreuses personnes haut placées plus ou moins recommandables, il utilise son réseau douteux pour en savoir davantage, pour apprendre que cette misère a été préméditée par le gouvernement éthiopien afin d'appeler l'aide internationale et entraîner un rééquilibrage démographique...
Jean-Christophe Rufin, qui fut président de Médecins Sans Frontières, paraît s'être glissé à la fois dans le personnage de Grégoire qui découvre un pays et une situation difficile à accepter, et Hilarion, qui en a vu beaucoup d'autres et qui a du mal à croire à l'honnêteté et l'utilité des actions humanitaires et des mesures gouvernementales... Cette partie de la corne de l'Afrique est, par ailleurs, envoûtante, et l'auteur nous transmet sa fascination pour ces paysages des hauts plateaux, ces villes chargées d'histoire, ces femmes et ces hommes à la beauté et la fierté légendaires.
Son écriture m'a beaucoup plu au début de la lecture, mais ne m'a pas entraînée dans l'histoire avec la même force qu'il l'avait fait pour Rouge Brésil, La Salamandre et même Globalia. Ce quasi-témoignage est cependant réalisé avec talent. [merci MDK !]
Un bel article - Calounet
Les causes perdues - Le Monde